« Air » : interview de Philippe Pelaez à Quai des Bulles


Ecrit par BennyB le 28 novembre 2023

Dans les années 30, l’air est devenu irrespirable suite à la chute de météorites. Le gouvernement fournit au peuple les masques et réservoirs pour respirer. Mais le peuple gronde…

Rencontre avec le scénariste prolifique Philippe Pelaez à Quai des Bulles ! Après le polar (« Un hiver à l’opéra »), la fantasy (« Furioso ») ou le récit historique (« Bagnard de Guerre »), il propose avec Francis Porcel une dystopie glaçante, une grande aventure au charme rétro… qui tient en haleine !

 

Bonjour Philippe ! Cela fait plaisir de te retrouver dans un registre différent de ce que tu as pu faire jusqu’à présent. Avec « Air », on lorgne vers la science-fiction rétro ou le comics américain. C’était une envie de changement de ta part ?

Depuis que j’ai commencé à faire de la BD, j’ai toujours envie de tout explorer, de me remettre en question, d’aller sur des territoires inconnus. Il n’y a rien de pire que de s’enfermer dans une zone de confort, d’être identifié par la presse ou le public comme un auteur de tel ou tel style.

L’idée de cet album est venue du dessinateur Francis Porcel, avec qui j’avais déjà travaillé sur « Bagnard de Guerre », « Pinard de Guerre » et « Dans mon village on mangeait des chats ». Il m’a demandé si je pouvais imaginer une histoire avec des dessins qu’il m’avait envoyés : des sous-marins, des bathyscaphes, des crabes géants. Je lui ai proposé un scénario avec pour titre « Air », ce qui était plutôt paradoxal car ses dessins se rapportaient à l’océan ! (rires)

 

Comment t’es venue cette idée de privatisation de l’air ?

J’ai eu cette idée de scénario il y a longtemps, en observant la pollution dans les grandes villes. Parfois, il y a des interdictions de circuler quand l’air est trop pollué. J’ai donc imaginé un monde où les gens seraient obligés de respirer à travers des « clisses » et où l’air serait rationné par le gouvernement. En faisant des recherches, j’ai trouvé cette idée du permafrost qui abriterait une bactérie depuis des millions d’années. Le jour où elle serait libérée, que pourrait-il se passer ?

 

Cette bactérie aussi une allusion au réchauffement climatique ?

Tout à fait ! Sans vouloir passer officiellement de message écologique, j’aime glisser dans mes histoires des références cinématographiques, littéraires ou à l’actualité. Cette fois, je voulais évoquer ce phénomène du réchauffement climatique, qui prend des ampleurs catastrophiques et irréversibles.

 

La multitude de personnages est aussi très intéressante !

J’avais aussi envie d’inverser le rapport de force, ne pas voir les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Je ne voulais pas qu’il y ait un seul héros, mais toute une galerie de personnages qui soient aussi forts les uns que les autres. C’est l’interaction entre eux qui fait tout le sel du scénario.

 

Il y a aussi ce personnage qui se fait passer pour celui qu’il n’est pas. Vu qu’il perd la mémoire, le lecteur devient le seul à savoir qui il est réellement.

Oui, c’est une autre manière d’écrire que dans mes albums précédents. Habituellement, on a un narrateur ou un héros qu’on suit tout du long, ce qui permet une proximité avec le lecteur. Ici, on est en focalisation externe. Le lecteur en sait plus que les personnages, ce qui n’est pas le cas d’habitude.

 

Le cliffhanger de la fin est assez dingue… Un deuxième tome est sur les rails ?

Oui, le tome 2 est écrit et validé. Il est prévu pour septembre prochain. Ce sera un diptyque. Je préfère faire des séries courtes de deux ou trois tomes, par respect pour le lecteur et pour éviter de trop étirer l’histoire. On aura les réponses aux questions posées dans le premier tome ! En même temps sortira aussi « Pillard de guerre », qui est la suite de « Bagnard de Guerre », « Pinard de Guerre ».

 

On te retrouve régulièrement sur un nombre impressionnant de séries BD. Comment fais-tu pour maintenir cette créativité ?

J’en suis presque désolé (rires). C’est vrai qu’on me propose beaucoup de choses chez de nombreux éditeurs. Je suis toujours très intéressé par ce qui m’est proposé. Cela m’est arrivé de refuser des propositions, comme par exemple de faire des mangas, car ce n’est pas ma culture et je ne possède pas les codes de cet univers.

De beaux projets vont arriver, qui sont complètement différents. Chez Glénat, ce sera « Quelque chose de froid » avec Hugues Labiano, premier album de la trilogie de polars « Trois touches de noir ». Chez Dargaud, il y aura « Neuf » avec Guénaël Grabowski, de la science-fiction avec du voyage dans le temps. Enfin, un autre projet qui me tient particulièrement à cœur sortira chez Grand Angle : « Le gigot du dimanche » avec Sébastien Portet, une comédie proche d’une pièce de théâtre. Le personnage principal est le petit Pilou, c’est-à-dire moi en plus jeune ! Je raconte une partie de mon enfance dans ma famille, juste après l’élection de François Mitterrand. Donc trois projets très différents !

 

Philippe Pelaez n’a pas fini de nous raconter des histoires ! Merci à lui !

Et n’oubliez pas : « Qui contrôle l’air, contrôle l’humanité »…

 



En bref

Série en cours (1 tome paru sur 2)
Une BD de : Philippe Pelaez et Francis Porcel
Édition : Grand Angle


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BennyB

Co-fondateur de la Loutre Masquée, il est né en 1743, un samedi. Son but dans la vie : rendre le monde meilleur, avec des sites internet à base de loutres. Et il trouve que Spirou a vachement plus la classe que Tintin, quand même.

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