Ecrit par McR le 24 janvier 2024
Dans une décharge, rien n’est vraiment propice à grandir. Le petit gars nommé Lombric sait de quoi on parle : il se prend torgnole sur torgnole. Heureusement, ses amis sont là pour lui donner un coup de main et accessoirement pour lui sauver la vie !
Dans un autre genre, Lino et Vinz passent un séjour à Dark Vegas, mais le passé peut ressurgir à tout moment. De simples citoyens, on peut rapidement devenir ennemis publics numéro 1 !
Bienvenue dans l’univers du Label 619 ! Petit Rapace et Run sont venus au festival Quai des Bulles nous présenter leurs dernières créations : “Slum kids” et “MFK2”.
Bonjour à tous les deux ! Run, tu as sorti récemment “MFK2”, mais y avait déjà un “Mutafukaz 2” ?
Run : Non, tu confonds probablement avec Mutafukaz tome 2. Et c’est tout le problème de continuer une saga sans créer de confusion, d’autant qu’il existe déjà une intégrale Mutafukaz. Je ne pouvais pas appeler la suite « Mutafukaz 2 », parce que les gens auraient, comme toi, confondu avec le tome 2 de Mutafukaz. Donc j’ai pris la décision d’appeler la suite MFK2. Il y a donc MFK2 tome 1, le tome 2 vient de sortir, et MFK2 tome 3 sera la conclusion de cette nouvelle série.
Aux États-Unis, ils connaissent le projet global (animation et BD) sous le nom MFKZ, donc c’est plus facile à comprendre pour eux.
Dans MFK2, il y a toujours autant d’action qui attendent Vinz et Lino. D’où vient cela ?
R. : Ça s’est imposé à moi. L’idée de base de Mutafukaz est de prendre des petits gars qui n’ont rien demandé à personne, qui veulent juste avoir une vie pépère, et de les confronter à des enjeux qui les dépassent complètement.
Et pourtant, Willy le cochon aspirait à de la quiétude dans le tome précédent, non ?
R. : Willy n’est pas vraiment un cochon ! (rires) A l’origine, Willy est une chauve-souris mais c’est marrant de voir que les personnes se méprennent sur sa nature,,je m’en amuse d’ailleurs dans le tome 2. Même lui, il ne se pense pas comme une chauve-souris car il croit qu’il ne peut pas voler !
Parfois il essaie quand même mais il est tellement en panique qu’il n’arrive à rien. Ce personnage incarne un peu la lâcheté qu’on a tous au fond de nous. Cette connerie qu’on essaie tous de réprimer.
Rien n’est jamais stable dans MFK, et encore moins dans ce tome 2 de MFK2. Pourquoi ce choix ?
R. : Mon sujet est le chaos, c’est vrai ! J’essaie de ne pas juger mes personnages et surtout de toujours me positionner de leur point de vue. Quand je décris un personnage, je me demande : “Que ferais-je si j’étais lui avec les mêmes enjeux ?”
Il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Ce serait trop simple ! Chacun a sa part d’ombre et les motivations de chacun sont logiques, dans le logiciel qui leur est propre. Je fais cohabiter tous ces gens-là et cela crée un chaos phénoménal !
Dans Mutafukaz, les personnages sont assez étranges physiquement. Par exemple, Willy est donc une chauve-souris et Vinz a une tête de squelette en feu. Quelle en est la raison ?
R. : J’ai grandi avec la franco-belge, mais aussi avec le comics et le manga. L’approche n’est pas la même que dans la BD franco-belge, qui reste un peu trop classique selon moi.
Je souhaitais créer des personnages attachants, les mettre en marge graphiquement. Cela permet à tout le monde de s’identifier à eux ! Ils évoluent dans un univers extrêmement toxique. Potentiellement, ils peuvent mourir à tout moment.
Ces univers appartiennent tous à un seul et même label nommé le Label 619. Comment fait-on pour entrer là-dedans lorsqu’on se surnomme Petit Rapace ?
Petit Rapace : Run m’avait contacté sur les réseaux quand j’étais encore en école d’arts. J’étais très honoré, mais je n’avais pas de temps à y consacrer.
Sur un salon, j’avais fait dédicacer l’album “Puta Madre” par Neyef. Il m’a suggéré d’envoyer mes travaux. J’ai donc fait parvenir un dossier pour ce projet de “Slum Kids” à Run, qui a estimé que je devais encore le mûrir un peu. Pour temporiser et me laisser le temps d’affiner le projet, il m’a proposé de bosser sur des projets courts comme DoggyBags et “Lowreader“, le temps que le projet Slum Kids soit prêt.
Comme dans MFK2, “Slum Kids” fait la part belle à la castagne. Pour quels motifs ?
P.R. : C’est vrai ! Un jeune garçon nommé Lombric en prend plein la tronche, ceci principalement pour justifier la suite de l’histoire. Nous ne sommes pas plongés en plein monde post-apocalyptique comme certains le disent. C’est juste que l’histoire se situe dans une décharge, voilà tout.
Autour de cette décharge, il y a un monde réel. Il faut dire que j’en ai gardé sous le coude pour le deuxième tome avec cette histoire de monde extérieur…
Finalement, le Label 619 a abandonné la publication sous forme de fascicules, comme pour “Puta Madre” ou “MFK” ?
R. : Il existe un gros souci vis-à-vis de la publication en fascicule en France. Beaucoup de gens adoraient l’idée d’avoir régulièrement une petite dose. Mais dans le monde de la BD franco-belge, les personnes ont l’habitude d’attendre la sortie d’intégrales pour les acheter.
Parfois nous arrivons à créer un intérêt avec un coffret et des goodies. Nous venons de mettre en ligne le site du Label 619 pour mettre en avant ce genre de choses.
Si je comprends bien, toutes les personnes du Label 619 interviennent dans “Lowreader”. Nous sommes rendus au troisième tome ?
P.R. : Mon histoire dans “Lowreader 3” a quelques années. J’étais très jeune à l’époque et c’est un peu dur pour moi de le voir maintenant !
R. : Mais tu sais que les gens aiment bien ton histoire !
Et parmi les gens qui apprécient Run et Petit Rapace, il y a la Loutre Masquée ! Quel plaisir d’avoir pu passer un peu de temps avec eux ! Un grand merci à Rue de Sèvres et longue vie au Label 619 !
Découvrir nos interviews réalisées à Quai des Bulles 2023 !
McR
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