Ecrit par Annick le 17 janvier 2024
« Vice d’un homme, vice d’un ordre, vice d’une époque. » Cette nouvelle série d’Alain Ayroles et Richard Guérineau se situe au XVIIIème siècle. Elle met en scène sous forme épistolaire les intrigues et manipulations du sinistre chevalier Saint Sauveur.
Agréablement surprise par ce premier tome, la Loutre Masquée a voulu en savoir plus sur les coulisses de ce projet. Cela tombe bien, nous avons rencontré les deux auteurs lors du festival Quai des bulles à Saint-Malo !
Bonjour ! Comment est venue cette collaboration entre vous ?
Richard Guérineau : Alain avait ce projet en tête depuis longtemps. Il m’a présenté le pitch comme une rencontre entre « Liaisons dangereuses » et « Le dernier des Mohicans ».
Vous connaissiez-vous avant de travailler sur cet album ?
A.A. et R.G. : On se croisait souvent mais on ne se connaissait pas vraiment.
Alain Ayroles : Ce projet est un peu particulier. C’est à la fois un récit historique et d’aventures, dans lequel on retrouve du drame, de l’érotisme, de la romance, de la comédie et de l’humour. Il fallait un dessinateur capable d’aller dans des registres très différents et Richard est de ceux-là. Avec ses diverses publications, que ce soit la série du « Chant des stryges », ses albums historiques « Henriquet », « Charly 9 » ou le polar avec « Seul le silence ». Il était pour moi l’homme de la situation.
Vous avez choisi de raconter une histoire avec une base d’échanges épistolaires, de fragments de lettres. N’était-ce pas un peu périlleux ?
A.A. et R.G. : C’est dur ! (rires)
A.A. : Au départ, je voulais juste mettre quelques cartouches d’extraits de lettres qui auraient ponctué le récit. Or ça ne fonctionnait pas. Quand j’ai décidé de faire une construction totalement épistolaire, que chaque chapitre commence par une lettre, cela a commencé à prendre forme et à couler de source. Raconter l’histoire à travers les correspondances des divers protagonistes était très difficile. Il fallait trouver la logique pour que toutes les lettres échouent entre les mains du chevalier de Saint-Sauveur et qu’elles soient conservées dans son fameux secrétaire à « cylindre en marqueterie de palissandre de satin ».
Comment est venue l’idée de faire un récit sur des échanges amoureux et la conspiration ?
A.A. : J’ai adoré le film des « Liaisons dangereuses ». J’ai lu le roman et j’ai eu envie de raconter une histoire dans le même esprit. J’aime le XVIIIème siècle, avec des récits de cette époque sur l’Amérique du Nord comme « Le dernier des Mohicans » et les BD de Pratt avec « Wheeling », « Ticonderoga »… J’ai trouvé amusant de rassembler ces deux univers contemporains mais très éloignés dans l’esprit. A savoir le côté précieux, subtil et maniéré de la littérature épistolaire et les grands coups de tomahawk qu’ils s’envoient à la figure.
Richard, comment as-tu composé avec les décors et les costumes de l’époque ?
R.G. : Ce qui m’amuse dans les nouveaux projets c’est le changement d’univers. J’aime apprendre des choses. Plus c’est différent, plus j’ai envie d’y aller. Cela m’a permis d’approfondir mes connaissances sur le XVIIIème. Ce qui a été compliqué c’est le côté épistolaire. Comme pour Alain, il a fallu trouver un rythme, une fluidité pour que l’image et les dialogues s’alternent et éviter la surcharge des cases.
On avait travaillé au départ sur un album de taille standard. C’est au moment de réaliser la couverture que l’éditeur Delcourt a eu l’idée de proposer l’album en plus grand format. L’album est donc très généreux en termes de cases, de détails, de dessins.
Continuez-vous l’aventure sur un deuxième tome ?
A.A. : Le deuxième tome est prévu pour la rentrée 2024. L’aventure sera complète en 3 tomes !
Merci messieurs pour cette interview et la dédicace. Hâte de découvrir la suite !!!
En bref
Série en cours (1 tome paru sur 3 prévus).
Une BD de : Alain Ayroles et Richard Guérineau
Édition : Delcourt
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Annick
