Ecrit par Monsieur Geminga le 11 septembre 2023
On est en 2080, les champs de pétrole brûlent à ciel ouvert et la Terre part en couilles. Les rednecks aidés des IA mènent une nouvelle guerre de Sécession et Paris ressemble à Venise, les gondoles en moins, les rats en plus.
Jusque là ça va. C’est pas comme si on pouvait encore appeler ça une dystopie *.
Sauf que voilà… En parallèle de cette joyeuse ambiance se prépare une invasion extraterrestre, mais une invasion gentille avec du gaz hilarant (sans rire). Car pour une fois, les aliens ne sont pas venus vaporiser l’Empire State Building, mais pour nous sauver, nous, de nos vilaines manies autodestructrices, et surtout de notre CO2.
Cela étant posé, le récit est assez particulier puisqu’il suit le destin de deux aliens fraîchement tombés amoureux et qui, envoyés sur Terre contre leur gré, vont devoir accomplir leur mission de sauveteurs en butant le moins d’humains possible.
Les héros, ici, ce sont les hommes verts. Et tandis que les terriens se débattent dans leur merde, notre extraterrestre casque bleu part à la poursuite de trois Skualls qui ont enfreint la loi galactique.
Comme on pouvait s’y attendre, il y a aussi des sales types outer space.
C’est là que l’histoire va prendre une tournure plus diplomatique, alternant courses poursuites futuristes sur Terre et manœuvres politiques au sein de l’assemblée galactique (un peu comme le Sénat dans Starwars mais sans Jarjar).
L’auteur nous balade alors de planches en planches sur des millions d’années lumière. Il va décrire avec finesse les implications, les tensions et toute la chaîne de problèmes qui peuvent découler d’une invasion décrite comme une ingérence bienveillante. Faut-il vraiment aider les humains ? Et si oui, à quel prix pour les nations extraterrestres ? Peut-on se permettre d’exploiter les ressources locales comme indemnisation légitime du coût de cette exorbitante mission intergalactique ?
Autant de questions à la limite de la géopolitique que l’on rapprochera forcément de thèmes actuels et qui apportent à cette bédé une vision plus rafraichissante que le simple récit pré-apocalyptique. L’ensemble est emballé dans un style de dessin réaliste qui sert plutôt bien la vision du monde extraterrestre où s’opposent faune extraterrestre et architecture brutaliste.
Bref, vous l’avez compris, « Renaissance » est une bédé de SF au pitch totalement original et qui fourmille d’idées, autant dans le récit qu’elle développe que dans son graphisme.
Au scénario de cette saga, on retrouve le prolifique Fred Duval (« Cinq avril », « Ne lâche pas ma main », « Neoforest », …). Il est accompagné aux dessins par EMEM et Fred Blanchard.
Amis des loutres, bonne lecture !
* Oui, cette chronique dénonce
En bref
Série terminée en 6 tomes
Une BD de : Fred Duval (Scénario) EMEM (Dessin, Couleurs) Fred Blanchard (Dessin)
Édition : Dargaud
Monsieur Geminga
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