« Après l’enfer » : interview de Fabrice Meddour à Quai des Bulles


Ecrit par McR le 29 novembre 2019

En pleine période d’esclavage et de guerre entre le Nord et le Sud, Dorothy et Alice se rencontrent. Elles ne sont pas des plus souriantes, et pour cause : elles ont tout perdu, elles sont dorénavant seules.

Elles vont alors devoir affronter la violence de ce monde, et croiseront quelques misérables soldats qui recherchent un trésor. Alice va alors commencer à faire part de ses fantômes qui vont les guider dans leurs pérégrinations dans un bayou, qui, avouons le, fait bien flipper !

Nous avons rencontré, lors du festival Quai des Bulles, Fabrice Meddour pour sa série « Après l’enfer » avec Damien Marie au scénario, paru aux éditions GRAND ANGLE.

Fabrice, d’où te vient le dessin ?

J’ai toujours aimé dessiner. J’ai commencé à dessiner de manière assez maladive à sept-huit ans. J’ai eu la chance quand j’étais étudiant de me voir proposer de devenir prof dans une école d’arts appliqués : j’étais à la fois étudiant et enseignant. J’ai donc eu l’occasion de rentrer dans un univers où le dessin permet d’être crédible : tu es obligé d’expliquer ce que tu fais souvent de manière très intuitive.

En 2019, on te retrouve dans « Après l’enfer » avec un nouveau scénariste. Qui est Damien Marie ?

C’est un mec génial. J’adore bosser avec lui, il écrit des scénarios qui sont très littéraires, des choses très sûres et très pertinentes, qui t’emmènent vers l’envie d’image. On me l’a présenté, et on est parti pour une collaboration longue, j’espère, et j’ai l’impression que lui aussi aime bien ce que je fais.

Comment vous êtes vous rencontrés ?

Nous nous sommes croisés à l’anniversaire de l’éditeur GRAND ANGLE, pour les 30 ans.

La série est intitulée « Après l’enfer ». Le premier tome s’appelle « Le Jardin d’Alice ». Ces deux titres sont un peu contradictoires, non ?

C’est vrai que l’aspect global de ce dytique est très sombre. Dans cette histoire, il y a le clin d’œil à « Alice aux pays des merveilles » et au « Magicien d’Oz ». Je n’avais jamais pensé à cette opposition entre les deux.

La guerre de sécession, la naissance de l’esclavage, le Ku Klux Klan, une enfant qui voit sa mère décéder, un enfant qui se promène parmi les fantômes et qui croise des personnes qui cherchent un trésor, …. Cela fait beaucoup d’histoires !

C’est la richesse du scénario de Damien qui amène tout cela, dans cette période post-guerre de sécession ou le Ku Klux Klan est né.

Les planches conviennent à Damien ?

Il me fait confiance et me laisse carte blanche. S’il était plus directif, cela n’irait pas, il est très pro.
On s’appelle parfois pour des corrections.

Des couleurs envoutantes, c’est un choix ?

On ne cherche pas les effets, je cherche à répondre au mieux à l’histoire. Je ne tricote pas, je reçois l’histoire et j’ai envie d’être au plus près de ce qu’on me demande.

Tu as aimé ce scénario ?

Damien m’a dit « : J’ai une histoire pour toi, cela va te plaire ». A ce moment, je revenais de Louisiane. J’ai lu l’histoire et l’ai trouvée immédiatement géniale. Sa manière d’écrire est agréable, elle t’emmène vers l’image.

Les images sont violentes sans montrer cette violence ?

Je n’aime pas montrer des images inutiles. Je suis plus lié à la géographie de la scène.

Combien de temps faut-il pour faire un album ?

Entre dix-sept et dix-huit mois, à raison d’une planche par semaine en moyenne. Le deuxième tome est en préparation, il sera particulièrement fort et violent.

C’est facile d’aborder l’émergence du Ku Klux Klan dans une BD ?

Pas du tout ! Et tu verras, dans le tome 2, c’est carrément … je ne peux pas vous le dire !

Dans tes albums précédents, il n’y avait pas autant de planches en couleurs ?

Non, mais avant je n’étais pas coloriste. Donc je me laisse faire avec les couleurs, je pense que je me suis vraiment laisser emporter par mon intuition.

Et pour revenir à cette très belle couverture ?

J’ai réalisé plusieurs essais. Nous en avions une qui devait être définitive, mais un mois avant la sortie, on m’a dit que le graphiste avait pensé à une autre couverture. Il a fait un montage, et cela fonctionnait bien ! Nous étions vendredi, et il la fallait pour lundi…
J’y ai passé mon week-end, mais je suis content du résultat. Nous avions envie que l’album soit le plus beau possible !

À la fin du livre, on a l’impression de rentrer dans quelque chose qu’on ne maîtrise pas ?

Oui, on s’enfonce dans le bayou, la dernière scène a été refaite car il fallait que ce soit éloquent : « Arriver à faire de belles choses avec des choses incroyables » !

A suivre dans le tome 2…

Merci Fabrice pour cette belle rencontre et ce bel album !



En bref

Série en cours (1 tome paru)
Une BD de : Fabrice MEDDOUR et Damien MARIE
Édition : Grand Angle



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McR

McR a est un homme barbu mais pas méchant. Il a connu la préhistoire, et grâce à un accélérateur de particules, il a pu rejoindre la communauté.

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