« Marius » : interview de Sébastien Morice à Quai des Bulles


Ecrit par McR le 02 décembre 2019

Marius a envie d’être marin, or il travaille chez son père comme serveur. Fanny, la marchande, a beau lui faire les yeux doux, il ne comprend rien. Elle a beau le rendre jaloux, il ne voit rien. Mais qu’intéresse réellement Marius ?

Lors du festival Quai des Bulles 2019, nous avons eu le plaisir de croiser Sébastien Morice venu nous présenter « Marius », adapté de Marcel Pagnol, aux éditions GRAND ANGLE.

Comment es-tu arrivé sur le projet d’une adaptation de Pagnol ?

C’est le directeur de collection qui m’a contacté, alors que je travaillais sur l’album « L’île aux remords ». Il m’a invité à rejoindre la collection Pagnol et en me proposant directement la trilogie marseillaise.

Au début j’ai dit « Oui, pourquoi pas intégrer la collection Pagnol ? ». Mais en y réfléchissant, je me voyais mal m’attaquer à ce gros morceau… J’avais en tête les films des années 30 où tout se déroule quasimment dans un bar. Je me suis dit que j’allais m’embêter, que cela allait être difficile de varier. Donc au départ, j’avais dit non.

Ce directeur est revenu plusieurs fois à la charge. Ce qui m’a décidé, c’est quand j’ai vu le scénario de Serge Scotto et de Eric Stoffel. Par rapport aux films, ils ont sorti les protagonistes du bar pour nous faire découvrir des petits endroits de Marseille aujourd’hui disparus ou qui ont été modifiés. Il y avait aussi un travail de reconstitution qui m’a vraiment plu.

Les personnages font penser au film avec Raimu ?

Les scénaristes ont voulu que je m’éloigne des personnages du film. Dans la pièce, Marcel Pagnol avait défini les caractères de chaque personnage. On me les a donnés, et j’ai essayé de faire un compromis entre les deux. Mais j’ai voulu que tous les personnages soient reconnaissables.

As-tu lu ce qu’ont fait tes prédécesseurs dans la collection Pagnol ?

J’ai tout lu avant, mais sans chercher à m’en inspirer graphiquement. Comme je n’utilise pas l’encrage noir, cela dénote un peu par rapport aux techniques des autres dessinateurs. J’ai fait ce que je savais faire.

La recherche des personnages a-t-elle été facile ?

J’ai beaucoup griffonné. Cela est venu assez vite, mais c’est Marius qui m’a donné le plus de mal.

Peux-tu évoquer la mise en place du décor en 3D ?

C’est le côté un peu ludique. Je mets en place tout le décor avec un logiciel 3D. C’est fastidieux de tout reconstituer avec des photos, j’essaie de faire au plus juste.
Pour la mise en scène, je n’ai plus qu’à placer mes personnages dans la maquette. J’ai déjà mes points de fuite et je retravaille mes couleurs.

As-tu eu des difficultés ?

Les personnages sont assez prêts de la caricature, mais Marius a en effet été le plus dur, car il est lisse. J’ai mis plus de temps à le réussir. Il doit rester beau et donc moins intéressant à dessiner.

Tu es allé à Marseille ?

Je suis allé avec les deux scénaristes. Ils sont marseillais et m’ont montré plein de détails que nous allons mettre dans la BD. Les couleurs de Marseille sont assez chaudes. J’ai fixé des ambiances. Dans la BD, les scènes sont assez longues, sur huit ou neuf planches. Ce n’est pas évident pour éviter que ce soit monotone.

Y a-t-il des difficultés à aborder ?

La partie du jeu de cartes sur le deuxième tome est assez compliquée. Il contient la planche la plus dure que je n’ai jamais eu à réaliser, une page en gaufrier avec huit cases et deux plans différents. Il fallait voir les quatre joueurs sur seulement deux plans, et voir les personnages évoluer sur un décor fixe. J’ai fait quatre plans en variant légèrement, pour qu’on ait l’impression que c’est une scène fixe, mais que l’on voit juste les personnages bouger.

Les deux scénaristes sont dessinateurs et savent très bien ce qu’ils veulent. Parfois, nous n’avons pas le même avis mais nous arrivons toujours à quelque chose de bien.

Combien d’albums à venir ?

Il y aura six albums. I me faut deux ans pour en faire un, ce sont des albums assez denses.

Combien fais-tu de propositions pour une couverture ?

J’ai fait une seule proposition, mais le bateau à l’arrière-plan a été modifié, pour évoquer le voyage.
Je trouvais intéressant de ne pas montrer Marius donc j’ai choisi de le mettre de dos afin de ne pas décevoir au premier abord.

Le tome 2 sort donc l’an prochain. Pour le moment, on savoure cette rencontre entre Sébastien Morice et Marcel Pagnol !

Merci Sébastien !



En bref

Série en cours (1 tome paru)
Une BD de : Sébastien MORICE, Serge SCOTTO et Eric STOFFEL
Édition : Grand Angle



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McR

McR a est un homme barbu mais pas méchant. Il a connu la préhistoire, et grâce à un accélérateur de particules, il a pu rejoindre la communauté.

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