Ecrit par McR le 21 novembre 2023
Sur sa petite île coincée entre le marteau de la mafia et l’enclume de la misère, Mimmo, 15 ans, rêve d’échapper à la fatalité d’une vie au rabais. Il le sent, il le sait, c’est avec sa guitare qu’il s’en sortira. Quand il apprend que le casting d’une célèbre émission musicale arrive, cette chance devient son idée fixe, son horizon…
Après « Come Prima » et « Senso », Alfred clôt en beauté sa trilogie italienne. Il nous a accordé un entretien face à la mer au festival Quai des Bulles de Saint-Malo !
Une histoire de scooter, d’attentats, de filles, de musique, de mafia, de maladie… tout cela sur une île italienne, cela fait beaucoup de thématiques pour un seul album ?
J’ai fait en sorte que tout cela passe en douceur. Dans mes bouquins, je raconte une Italie affective. J’ai passé énormément de temps là-bas à différents âges de ma vie.
Je suis composé à la fois de culture italienne et française. Je parle de la mafia et de la violence en Italie avec du recul, comme par un filtre. J’y ajoute aussi un calme contemplatif. Pour moi, cette histoire se déroule comme une scène de théâtre.
D’où vient cette idée de parler de la jeunesse ?
J’avais envie depuis quelques années d’écrire sur les terres sauvages de l’adolescence. Ma fille a quinze ans en ce moment et cette période de transition m’intéresse.
Pour ce livre, j’ai convoqué mes souvenirs d’ado, quand j’étais en Italie avec mon cousin. On écrivait des morceaux de musique et on voulait faire un groupe de rock. On a passé tout un été à faire de la guitare pour attirer le regard des filles ! Le héros Mimmo c’est un peu de nous, un peu de moi !
D’où viennent tous ces personnages ? Le beau gosse, le délinquant, le rêveur, le déterminé ?
J’ai bossé sur les horizons bouchés où la seule porte de sortie est le rock ! Certains baissent les bras et ne croient plus en leurs rêves. Pour les autres, quelque chose est encore possible. Je voulais décrire les différentes facettes de ces personnages.
Un petit garçon est présent sur tout l’album. Quel est son rôle ?
Lupo représente le dernier fragment de l’enfance et de la naïveté. Les adolescents quittent l’enfance mais se rappellent toute de même que cette période n’est pas si lointaine. Son rôle est déterminant, il va suivre les ados. Il s’est imposé à moi tout au long du livre, il est apparu comme une évidence.
Tu as mis en images la musique d’une manière bien particulière, peux-tu nous l’expliquer ?
Je voulais traduire le son par le trait sans passer par la note de musique. Je trouve que les notes de musique ne parlent pas. La musique ce sont des sons, des vibrations et pas simplement des notes.
Les héros font du rock punk donc tout devient incontrôlable. Mon dessin l’est devenu aussi !
Qui est ce fou qui se promène avec un cheval en carton ?
Alors là, c’est une personne croisée en Calabre. Sur une plage, j’ai croisé un type déguisé en âne et un autre qui jouait du tambourin. J’étais là avec ma fille et le temps s’est arrêté. Que venaient-ils faire là ? Peut être rien ? C’est fellinien tout ça !
Dans ce roman graphique, la musique est omniprésente. Peut-elle encore sauver le monde ?
Je ne pense pas, mais elle peut aider à vivre mieux sans se laisser absorber par le malheur. C’est son vrai rôle !
Ce fut un plaisir de s’immerger dans « Maltempo », un one-shot de 184 pages d’Alfred aux éditions Delcourt / Mirages. Bonne lecture !
En bref
Un one-shot
Une BD de : Alfred
Édition : Delcourt
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Découvrir nos interviews réalisées à Quai des Bulles 2023 !
McR
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