« Je suis leur silence » : interview de Jordi Lafebre à Quai des Bulles


Ecrit par McR et BennyB le 04 décembre 2023

Après le génial « Malgré tout », Jordi Lafebre revient où on ne l’attend pas avec un polar moderne et lumineux dans les rues de Barcelone.

Il nous raconte les coulisses de cette enquête depuis le festival Quai des Bulles !

 

Bonjour Jordi ! Après la romance « Malgré tout », qu’est-ce qui t’a donné envie de passer à l’écriture d’un polar ?

J’avais envie de changement, de faire un album qui n’aurait rien à voir avec le précédent. Je pense que la création artistique se nourrit beaucoup de l’évolution de l’auteur. On peut quand même retrouver une cohérence entre les deux albums. Cela reste un polar lumineux, une comédie.

 

Pourquoi ce choix d’une psychiatre en tant qu’héroïne ?

Cette histoire a eu plusieurs versions. Dans la première, c’était un homme, un psychologue, qui faisait une dépression. Il ne croyait plus en l’humanité. Tout cela lui donnait un certain talent pour découvrir le coupable. Je trouvais cela un peu trop glauque, trop lourd. J’ai trouvé intéressant de me projeter dans la mentalité d’une femme, qui serait plus jeune que moi. C’était un défi.

Dans la deuxième version, il y avait donc cette femme. Le sujet de la maladie mentale m’intéressait. J’ai troqué l’idée de la dépression contre celle de la bipolarité. J’avais trouvé : une femme bipolaire qui résout des enquêtes criminelles. C’était lancé !

 

Eva est très belle, attachante, surprenante, spontanée. Comment cadre-t-on un tel personnage ?

J’ai fait des entretiens avec des psychiatres et avec des personnes atteintes de bipolarité. J’ai trouvé ça très intéressant. Ces personnages avaient parfois une personnalité décalée, sympathique, presque drôle. Même si c’est une comédie, je voulais rester crédible sur ces sujets qui sont importants et délicats.

 

La thématique du vin est aussi très présente. D’où vient ce choix ?

Je me suis demandé comment impliquer le lecteur dans cette enquête. Il fallait un monde curieux, qui donne envie de voir ce qui se passe à l’intérieur. J’ai alors imaginé cette riche dynastie qui travaille dans le milieu du cava espagnol (vin mousseux), comme il y en a beaucoup en Catalogne. Une partie de ma famille habite dans cette région que je connais bien, c’était l’occasion d’en parler.

 

On se balade aussi beaucoup dans les rues de Barcelone.

Barcelone est une ville qui possède une tradition littéraire gigantesque. C’est un cadre d’action parfait. J’aime me mettre dans cette tradition littéraire, dans cette ville que j’adore et où j’habite.

 

Eva est épaulée par trois femmes, ses amies imaginaires. Pourquoi avoir choisi de montrer ces personnages qui n’existent pas ?

La bande dessinée a cet avantage de nous permettre de montrer l’invisible, l’imaginaire. C’est intéressant au niveau de la narration. Ces trois personnages accompagnent Eva dans presque toutes les scènes, mais on comprend qu’elles sont en réalité dans sa tête. C’est une sorte de clin d’œil entre l’auteur et le lecteur !

 

C’est aussi le cas quand on voit ce téléphone portable qui brûle, car il reçoit un appel important.

Exactement ! Je mets en images un concept. Je dessine ce que voit Eva dans sa tête. Parfois, quand on a cinq appels manqués d’une même personne sur un téléphone, on se dit « C’est chaud ! ». Là, on peut dire que c’est vraiment chaud ! (rires)

 

 

As-tu d’autres projets à venir ? Peut-être une nouvelle enquête pour Eva ?

Je me pose la question, cela reste ouvert. Pourquoi pas !

 

Merci beaucoup et à bientôt !



En bref

Un one-shot
Une BD de : Jordi Lafebre
Édition : Dargaud


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