Ecrit par BennyB le 22 novembre 2021
Avez-vous lu « Malgré tout » ? C’est une belle histoire d’amour, subtile et touchante… qui a cette particularité de commencer par la fin !
Chaque nouveau chapitre voit rajeunir un peu le couple de héros, pour découvrir comment tout a commencé…
La Loutre Masquée avait adoré et en avait même fait une chronique !
Au festival Quai des Bulles, Jordi Lafebre a eu la gentillesse de venir nous raconter la genèse de ce projet.
Que du bonheur !
Comment est née l’idée de cette histoire ?
Ma volonté était avant tout de raconter une histoire d’amour qui se déroule sur plusieurs années. Dans notre vision romantique des histoires d’amour, on commence habituellement par raconter la rencontre de deux personnes, puis leur relation qui commence. Cela dure des mois, des semaines, parfois des jours, puis les complications arrivent. Je voulais trouver une façon de raconter une histoire sur du plus long terme.
C’est aussi une relation interdite…
Le coté interdit vient aussi de la tradition romantique. Il y a toujours une force qui empêche le couple d’être ensemble. Au XXIe siècle, quelle serait cette force ? Cela pourrait être des pressions de la société, une différence de classe sociale, de famille, d’argent… Ce n’était pas mon approche. Nous sommes dans une société très carriériste. Notre parcours professionnel peut nous empêcher d’être heureux. Ce sont souvent les gens qui se mettent eux-même des barrières dans leur esprit, alors que ce n’est pas nécessaire. C’était un beau point de départ. Les ingrédients de l’histoire se sont ensuite ajoutés et mélangés.
Comment est venu le choix de raconter cette histoire à l’envers ?
A l’époque, je lisais un roman épistolaire de l’écrivaine italienne Natalia Ginzburg. Le livre est constitué de lettres qu’un groupe de copains se sont envoyées. Les deux personnages principaux s’écrivent beaucoup. Ils sont amoureux mais ils refusent de se le dire. Il y a beaucoup de silences, de non-dits. J’ai adoré ce roman, et j’avais cette image en tête : une pile de lettres. La dernière lettre que l’on a reçue est la première sur la pile. Cela m’a donné cette idée de raconter une histoire en commençant par la fin. J’ai trouvé cela assez romantique.
Dans l’histoire, chaque chapitre raconte un petit mystère qui sera éclairci au chapitre suivant. Par exemple, le premier chapitre évoque la nouvelle coupe de cheveux de l’héroïne. Au chapitre suivant, elle décide de se les couper.
Exactement ! C’est une technique narrative pour faire participer le lecteur. Ce sont des indices qu’on lui donne. Il mène l’enquête comme dans un roman d’Agatha Christie, afin de reconstruire l’histoire.
Au niveau du dessin, comment as-tu travaillé pour faire vieillir les personnages ?
Quand j’ai créé le design des personnages, j’avais déjà le scénario en tête. J’ai donc fait des recherches sur les traits de visage à différents âges. Je voulais des personnages assez simples visuellement, pour que le lecteur s’identifie facilement à eux.
Le caractère des personnages contribue beaucoup au charme de cette histoire. Ils sont plein de vie, ils ont leurs idées à eux.
Je voulais deux caractères symétriques. Tous les deux sont très intelligents. Ana est très forte dans son travail. Zeno est un scientifique et un grand voyageur. Il me fallait des gens très attachés à leur carrière professionnelle. Ils devaient aussi être dotés d’un certain charme personnel, et d’un esprit positif. J’ai beaucoup aimé construire ces personnages. Ils sont « parfaitement imparfaits ». Chacun a ses petits défauts, et on s’y attache beaucoup.
Et c’est vraiment très réussi bravo ! J’ai l’impression que l’histoire se passe en Italie…
Ce n’est volontairement pas clair. Pour revenir à la force qui empêche le couple d’être ensemble, je voulais que le personnage féminin ait un travail « public ». Sa popularité l’empêcherait de faire n’importe quoi avec sa vie privée. Un métier politique était une bonne idée, mais je ne voulais pas de quelqu’un au gouvernement. Cela m’aurait obligé à parler de sujets trop sensibles. Maire d’une ville me convenait mieux. Je ne voulais pas non plus avoir une ville qui existe, car on aurait forcément comparé le personnage au vrai maire de la ville. C’était donc plus facile d’inventer la ville.
L’histoire récurrente du pont est une métaphore visuelle de leur relation. Cette ville fictive a un rôle important dans l’histoire. On trouve des ingrédients italiens, comme les noms des personnages. L’influence du roman italien y est pour quelque chose ! Mais cela ne se passe pas forcément en Italie. Il y a aussi des ingrédients français, barcelonais…
Tu as d’autres projets à venir ?
Oui je travaille actuellement sur un autre projet… mais c’est encore trop tôt pour en parler !
Le livre a eu un bon succès j’ai l’impression ?
Oui, je l’ai écrit en Espagnol, et il a été traduit dans plusieurs langues. Il a été publié dans onze pays : Italie, Brésil, Chine, … C’est super !
Le festival se passe bien ? Tu étais déjà venu à Quai des Bulles ?
Oui, c’est la deuxième fois. C’est toujours un plaisir d’être là, c’est un super festival !
Merci Jordi !
En bref
1 one-shot
Une BD de : Jordi Lafebre
Édition : Dargaud
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BennyB
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