« Le château des étoiles » : interview d’Alex Alice à Quai des Bulles


Ecrit par BennyB le 26 octobre 2022

Au festival Quai des Bulles, nous avons réalisé un rêve de jeune Loutre : rencontrer Alex Alice, l’auteur du « Château des étoiles » ! Il nous dévoile les coulisses de cette série mythique, et nous annonce le lancement imminent d’une campagne Kickstarter pour son « livre-univers » !

Et si la conquête de l’espace avait commencé au XIXe siècle, à bord de ballons et de dirigeables géants ? Une grande aventure, vers l’infini et au-delà !

Séance interview !

 

« Le château des étoiles » est une série atypique, qui mélange beaucoup d’univers : la science-fiction rétro, mais aussi l’Histoire du XIXe siècle avec Louis II de Bavière, la Prusse… Comment vous est venue l’envie de raconter cette histoire ?

Justement, c’est la confrontation de ces deux univers qui m’intéressait. J’ai visité les châteaux de Bavière étant enfant. Le côté romantique avait beaucoup stimulé mon imaginaire. C’est aussi l’âge où je lisais Jules Vernes, j’étais passionné par sa vision de l’espace.

Jules Vernes et Louis II de Bavière sont contemporains mais ne se sont jamais rencontrés. Pourtant, s’il y avait eu une conquête de l’espace à ce moment-là, Louis II de Bavière y aurait forcément pris part !

 

D’autant plus qu’on croise d’autres personnages historiques dans la série : Napoléon III, Wagner, Sissi l’impératrice. Même si pour cette dernière on ne donne son nom que très tard !

Le personnage de Sissi est tellement marqué dans l’imaginaire collectif que j’ai préféré y aller par étapes. D’abord je la présente comme un personnage fort, intéressant et attachant. J’attends la fin du premier album pour confirmer qu’il s’agit bien de Sissi. Je voulais lui donner le droit d’exister avant de lui mettre le poids des références sur les épaules.

 

Entre le scénario, les dialogues, le dessin, les couleurs, le lettrage… Combien de temps est nécessaire pour faire un album ?

Un album met entre un an et un an et demi à être terminé. Je fais toujours une première étape de story-board, puis je réalise tous les dessins à l’aquarelle. Chaque page de l’album est identique à celle qui est sur ma table à dessin.

Les bulles de dialogues sont incorporées dès le début dans le dessin. J’aime tout avoir sous les yeux, cela évite les surprises. Je commence toujours par les textes. Cela me permet de régler finement l’expression des personnages. J’ai du mal à comprendre les dessinateurs qui arrivent à travailler sans les textes sur la page.

 

Ces albums nous font voyager à travers beaucoup de paysages : la Bavière, la Bretagne, Paris… Vous travaillez à partir de photos d’époque ?

Quand c’est possible, je me rends sur les lieux. Tant que c’est sur Terre, c’est à peu près faisable. (rires) Cette époque est très documentée. On trouve beaucoup de peintures, de dessins, de magazines d’époque… Le tome six raconte l’exposition interplanétaire, qui est évidemment basée sur l’exposition universelle de la fin du XIXe siècle. Ces expositions ont eu lieu en 1870, 1889, 1900 dans des lieux qu’on peut encore visiter aujourd’hui.

 

L’architecture de chaque vaisseau est hyper détaillée, on les voit sous tous les angles. Comment avez-vous procédé pour les imaginer ?

C’était un plaisir mais aussi un énorme boulot de conception. J’ai commencé par fabriquer des maquettes en papier, puis j’ai fait des plans. Finalement, un maquettiste professionnel a réalisé une vraie maquette. Il a apporté des idées sur la structure et les matières. On se rend compte de contraintes structurelles auxquelles on n’avait pas forcément pensé.

Le résultat est exceptionnel. En tant que dessinateur de BD, c’est génial d’avoir une vraie construction en 3D de ce qu’on a imaginé !

 

L’histoire confronte les univers mécaniques et scientifiques à une dimension plus rurale, quand les personnages préfèrent s’isoler en Bretagne par exemple. C’est une volonté de parler de ce contraste ?

Tout à fait. Quand on pense à Jules Vernes ou à la révolution industrielle, on pense beaucoup à des environnements urbains. La campagne était beaucoup plus isolée qu’aujourd’hui, et la spécificité des régions était plus prononcée. Cela commence dans le Nord, on passe vite fait en Alsace, puis en Bretagne. Il y a des costumes traditionnels, on se déplace encore à cheval… J’ai eu beaucoup de plaisir à montrer cela.

 

Les albums ont été pré-publiés par petits épisodes sous forme de gazette. Pourquoi ce choix ?

J’adore ce format, il permet de retrouver l’esprit des feuilletons littéraires du XIXe siècle. On ne s’en souvient plus aujourd’hui, mais les romans classiques de cette époque, dont ceux de Jules Vernes, ont d’abord été publiés sous forme de feuilleton. On peut y ajouter de faux articles de presse et ce genre de choses. C’est fun et cela donne un vrai plaisir de lecture, j’ai eu de très bon retours sur ce format !

 

Vous avez accompagné la création du spin-off « Les chimères de Vénus » ?

Oui, j’ai toujours pensé qu’il y avait de la place pour faire d’autres récits dans le même univers. Une fois que l’idée est lancée, les possibilités sont infinies. Je suis très content qu’Alain Ayroles et Étienne Jung aient relevé le défi. J’adore leur travail. C’est leur série à eux. Ils me consultent pour assurer la cohérence avec ce qui a été fait, mais aussi avec ce qui va arriver…

 

Justement, d’autres tomes du « château des étoiles » sont en préparation ?

Le tome six clôt l’histoire tout en restant ouvert sur une suite. J’ai déjà prévu la fin, mais je me laisse une grande liberté sur chaque album. Il y aura une suite, mais pour l’instant je suis en train de préparer un « livre univers » sur le château des étoiles. C’est très accessible, on peut le lire sans connaître l’univers. Si on a déjà lu les albums, c’est intéressant car cela donne un autre point de vue sur ces événements.

J’ai imaginé que ce livre a été écrit par un journaliste de l’époque. Il prend la plume à l’occasion de l’exposition interplanétaire. C’est assez drôle car il ne parle quasiment pas des héros de la série. Il y a beaucoup de références et de clins d’œil, c’est assez ludique. On y trouvera plein d’images inédites sur lesquelles je travaille depuis un an. Il sort fin 2023 chez Rue de Sèvres, mais il sera proposé dans une campagne Kickstarter, avec une édition coffret édité par Caurette qui contiendra des bonus : illustrations inédites, maquettes, …

 

Merci Alex Alice !

Et rendez-vous ici pour la campagne Kickstarter dès le 4 novembre 2022 :

https://www.kickstarter.com/projects/caurettepublishing/castle-in-the-stars-the-universe-in-1875



En bref

Série en cours (6 tomes parus)
Une BD de : Alex Alice
Édition : Rue de Sèvres


Découvrez cette série sur le site de la librairie Critic !


Découvrir nos interviews réalisées à Quai des Bulles 2022 !


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BennyB

Co-fondateur de la Loutre Masquée, il est né en 1743, un samedi. Son but dans la vie : rendre le monde meilleur, avec des sites internet à base de loutres. Et il trouve que Spirou a vachement plus la classe que Tintin, quand même.

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