« Hoplitéa » : interview de Laurent Arthaud à Quai des Bulles

Ecrit par BennyB le 07 novembre 2018

Le festival Quai de Bulles 2018 à Saint Malo, c’est toujours un grand moment, comme vous avez pu le constater avec notre reportage photos.

Au détour d’une allée, nous sommes tombés sur le stand de NorthStar Comics, une maison d’édition indépendante associative très sympathique, aux projets ambitieux et qui méritent qu’on les soutienne !

Le stand Northstar Comics !

Nous y avons retrouvé le dessinateur Sebba, que nous vous avions présenté dans notre article sur sa série « Le Privé ».

Nous y avons aussi fait la connaissance de Laurent Arthaud, Patrice Martinez et François Maillet, les auteurs de « Hoplitéa », un comics français étonnant ! Il s’agit d’un grand hommage à la culture des super-héros, à la mythologie grecque, et à de nombreux autres univers !

Le scénariste Laurent Arthaud nous a accordé une interview pour nous parler de ce projet. Il nous présente son héroïne, ses personnages, ses inspirations. Il nous parle aussi de la difficulté d’être une maison d’édition indépendante de passionnés.

Prêts à rencontrer Hoplitéa, la Lionne de Sparte ?

Bienvenue à Europolis !

La Loutre Masquée : Bonjour Laurent. Peux-tu nous présenter cette série ?

Laurent Arthaud : Hoplitéa, c’est un univers de super-héros à l’américaine, mais 100% français. Nous sommes des fans de comics, je lis encore régulièrement des Avengers ou des X-Men, et notre volonté était de faire une vraie histoire de super-héros. La différence avec ce qui existe déjà, c’est que nous avons voulu transposer cela dans un univers européen. Ce qui est original aussi, c’est que nous avons voulu développer une super-héroïne plutôt qu’un super-héros.

Mais surtout, j’ai voulu y intégrer des nombreux éléments que j’aurais aimer trouver dans les comics que je lisais étant plus jeune, et qui n’existaient pas.

A commencer par la mythologie grecque. Hercule existe déjà dans les comics mais est très sous-exploité. Plutôt que d’utiliser ce qui existait déjà (les Titans, les Dieux, les créatures), nous avons voulu créer quelque chose de nouveau : par exemple, Hoplitéa est une descendante des Dieux de la mythologie grecque : Arès et Athéna. Elle a donc hérité la sagesse et l’art de la guerre. Ainsi, il y a d’autres personnages tels que Styx, un descendant d’Hadés, qui a des pouvoirs en relation avec la mort. Le grand méchant du premier album s’appelle Achiclès, c’est un mix entre Achille et Héraclès : l’invincibilité d’Achille et la force d’Héraclès Ce sont un peu nos mutants à nous !

Outre la mythologie grecque, l’originalité de cette série est aussi de proposer la première équipe de super-héros assumés aux couleurs du drapeau européen. On y ajoute également des éléments de l’univers médiéval, avec un super-héros qui s’appelle Roncevaux et son épée mystique Durandal, qui sont inspirés des chansons de geste et de la chanson de Roland. On y trouve aussi de nombreuses autres inspirations : le personnage de Crécerelle est inspiré du dessin animé de notre enfance « Gatchamen » (« La bataille des planètes ») ; le personnage de Star-I qui est un clin d’œil au mythe de l’homme bionique, que nous avons tous vus étant gamins dans la série « L’homme qui valait trois milliards » par exemple ; ou encore Spectral qui est notre version modernisée du dessin animé « Space Ghost » d’Hanna et Barbera.

Tous ces personnages évoluent à Europolis, le Métropolis de Superman version européenne. Nous avons donc voulu développer tous ces aspects et proposer vraiment du super-héros européen qui s’assume.

« Des sagas complètes. »

LLM : Le deuxième album d’Hoplitéa vient de sorti, c’est bien cela ?

LA : Tout à fait. Nous avons réussi à sortir déjà deux albums, dans lesquels nous avons pu développer des sagas complètes. Dans un premier temps, la saga Achiclès se base sur une menace en lien avec le passé mythologique d’Hoplitéa. On est dans un vrai univers avec énormément de personnages. La deuxième saga, « La vengeance de Winter » présente le retour d’une méchante, inspirée de Myladi de Winter des « Trois Mousquetaires ».

Mes inspiration pour ces sagas sont principalement la série « Invincible » de Robert Kirkman, et bien sûr les X-Men que je lisais dans ma jeunesse, notamment la saga du Phoenix Noir, que j’avais adorée et qui est culte aujourd’hui. Dans le deuxième album, j’ai aussi essayé de mettre un côté « Crossover », comme le faisait Geoff Jones dans les années 2000, avec beaucoup de personnages et de nouvelles intrigues.

LLM : Comment avez-vous lancé ce projet ?

LA : Au tout début, le projet était édité en fascicules de 24 pages comme les comics américains. C’était intéressant pour nous en tant qu’auteurs, car cela permettait de voir rapidement notre travail se concrétiser. Notre premier pari a été de sortir les quatre épisodes d’Hoplitéa en deux années, ce que nous avons réussi à faire avec un premier éditeur qui s’appelait AElementcomics.

Nous avons ensuite publié les quatre épisodes sous forme d’un album complet avec NorthStar Comics, ce qui n’était pas évident à la base. Sur Internet, tu trouveras beaucoup d’auteurs avec de super concepts, mais le plus difficile reste de trouver une équipe qui permette de concrétiser ton projet. Nous ne vivons pas des comics, nous avons tous un métier à côté. Nous avons réussi malgré cela à monter une équipe pour publier le premier album, ce qui m’a motivé pour en écrire un deuxième. Aujourd’hui, nous avons tellement développé les personnages et les concepts que les idées foisonnent pour les suites !

LLM : Combien de temps a pris la création du deuxième album ?

LA : Comme pour le premier, nous avons passé deux ans sur le deuxième album. Nous avions le savoir-faire du premier, mais en terme de narration j’ai pris plus le temps de travailler en profondeur les intrigues, les personnages et les backgrounds de chacun. Le dessinateur Patrice apporte énormément d’idées lui aussi sur le scénario. Nous échangeons constamment pour trouver le bon équilibre.

« L’objectif est de pouvoir continuer à créer. »

LLM : Peux-tu nous parler de votre maison d’éditions Northstar Comics ?

LA : Nous sommes une maison d’édition associative et indépendante. Nous ne sommes pas distribués en magasins. Mais tous les libraires peuvent commander nos publications, nous sommes référencés sur le catalogue général via lequel ils passent leurs commandes.

Nos albums sont disponibles via internet (sans frais de port pour la France) et surtout en festival. L’avantage du festival est de pouvoir présenter notre travail et accompagner les lecteurs pour qu’ils s’intéressent à nos concepts. En plus, en festival, nous pouvons réaliser des dédicaces gratuites, on fait des rencontres… c’est top !

LLM : Et ce n’est pas trop difficile de se faire connaître dans ces conditions ?

LA : Oui et non. Pour l’instant, on peut dire que nous faisons cela « pour la gloire » en quelques sortes. Nous essayons de financer les albums via des crowdfundings. L’objectif est de pouvoir continuer à créer.

LLM : Combien de pré-commandes avez-vous eu pour le crowdfunding du tome 2 ?

LA : Nous avons réussi à en éditer 400 exemplaires, contre 1000 pour le premier. En gros, on ne fait pas ça pour gagner de l’argent, mais plutôt pour ne pas en perdre. Le crowdfunding est donc une bonne solution pour gérer ce genre de projets.

LLM : Et donc vous êtes bien partis pour faire un tome 3 ?

LA : Oui, Patrice et moi travaillons actuellement sur le séquençage du tome 3. A la façon de Robert Kirkman, j’aimerais y intégrer beaucoup de rebondissements, pour surprendre le lecteur. Comme dans « Invincible », tous les personnages sont susceptibles de mourir. Rien ne dit qu’Hoplitéa ne va pas mourir à la fin du troisième tome. Mais ce n’est pas parce que les personnages meurent que leur héritage ne perdure pas. Si l’héroïne principal meurt, il existe beaucoup de possibilités de prolonger la série.

Un tome 4 est même déjà prévu, où l’on se recentrera a priori sur le personnage d’Hoplitéa, sur sa relation mère-fille. Car Hoplitéa est avant tout une mère, une immortelle qui a renoncé à son immortalité pour pouvoir vivre une vie de famille normale. Les gens voient en elle une sorte de déesse, et elle rejette cet héritage. Elle a d’avantage confiance en l’émancipation des Hommes qu’en le pouvoir des Dieux.

Et le jour où nous en aurons assez d’Hoplitéa, nous pourrons développer d’autres facettes de notre univers. Par exemple, je suis très fan des légendes arthuriennes, et j’aimerais développer cela dans un univers parallèle à celui d’Hoplitéa.

LLM : Très bien ! Hé bien bonne continuation ! Longue vie à Hoplitéa !

Et merci pour les dédicaces !

Envie de découvrir « Hoplitéa » ?

Rendez-vous sur le site de NorthStar Comics : https://www.northstarcomics.com

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BennyB

Co-fondateur de la Loutre Masquée, il est né en 1743, un samedi. Son but dans la vie : rendre le monde meilleur, avec des sites internet à base de loutres. Et il trouve que Spirou a vachement plus la classe que Tintin, quand même.

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