Ecrit par BennyB le 23 juin 2022
« Déverrouiller son téléphone. Swiper. Partir au boulot. Se prendre une fusée sur la tête. Rentrer. Dormir. Recommencer. »
Entre les hackers qui détournent le trajet des livreurs de pizzas, le cuistot qui ne sait cuisiner qu’en suivant un tuto sur YouTube, ou encore de braves personnes devenues SDF car elles avaient cassé leur smartphones, Fabrice Erre s’amuse à se moquer de notre relation à la technologie… et c’est hyper drôle !
Attention, séance interview !!!!
Dans « Réseau-Boulot-Dodo », vous tournez en dérision notre addiction aux smartphones et aux réseaux sociaux. Comment vous est venue cette idée ?
Tout ça est devenu tellement omniprésent que l’idée s’imposait d’elle-même. Mais ce qui m’intéressait le plus était de parler des moments où, bien que physiquement libres des technologies (sans téléphone ou ordinateur), nos comportements montrent qu’ils en sont imprégnés à tout jamais (quand on espère faire du buzz en allant à la boulangerie par exemple).
Êtes-vous vous-même un grand consommateur de smartphone ? Ou votre entourage ?
Oh là oui, je m’en sers pour tout bien sûr. Il y a quelques années, un dessin circulait sur tout ce que concentrait un smartphone, et imaginait tout ce qu’on aurait dû trimballer au XXe siècle pour avoir accès à ce qu’il permet : un téléphone, un appareil photo, une télévision, une machine à écrire, un bloc note, un agenda… Nonobstant la dépendance qu’il crée, c’est un appareil extraordinaire (qui me permet de caser « nonobstant » en plus). Et je vois que dans mon entourage c’est pareil.
Votre trait est immédiatement reconnaissable, avec ce style cartoon hyper accrocheur et ces personnages aux grands yeux qui les rendent irrésistibles. D’où vous vient ce style ? Quels autres dessinateurs/artistes vous ont influencé ?
Il y a des influences qui sont conscientes, comme celle d’Edika que je lis depuis mon adolescence dans Fluide glacial, et d’autres le sont moins, mais marquent profondément mon trait pourtant (Jacovitti, Matt Groening…). C’est un peu un mystère la façon dont on arrive à son trait, il faut qu’il devienne comme une écriture.
Vos gags sont parfois mordants, parfois absurdes, comme ce brillant hommage à un sketch des Monty Python. Cette troupe est une référence pour vous en termes d’humour ?
Il y a eu plusieurs chocs humoristiques à l’adolescence, dont Fluide glacial que j’évoquais, et les Monty Python. Je ne me suis pas remis de ces deux-là. Je relis en permanence Fluide glacial, vieux et nouveaux numéros, et je revois chaque année l’ensemble des « Monty Python’s Flying Circus ». La base, quoi…
Comme dans votre album « Coluche président », vous évoquez souvent des théories un brin complotistes, que vous exagérez puissance mille. Les mises sur écoute du gouvernement, les hackers qui détournent le trajet des livreurs de pizzas… Vous avez une passion pour ces théories « underground » ?
Oui, elles créent d’elles-mêmes un espace humoristique. Elles sont d’ailleurs peut-être produites par des humoristes (le complotisme serait un complot humoristique). Je leur ai consacré une bande dessinée, avec Jorge Bernstein, parue chez Dupuis (« Les Complotistes », 2020). Cela dit, des hackers qui détournent le trajet des livreurs de pizza, ça existe…
Comment vous organisez-vous pour publier régulièrement vos gags dans le magazine Fluide Glacial ? Vous devez vous imposer une sacré productivité ?
Ah oui, d’autant qu’il y a aussi une page par semaine dans Spirou avec Fabcaro, mon blog « Une année au lycée », la série « Le Fil de l’histoire », des projets divers seul ou avec des camarades, tous plus enthousiasmants les uns que les autres. Ça demande du temps, mais j’ai toujours envie de m’y mettre, donc ce n’est pas un problème.
Finalement, avez-vous découvert quel filtre a utilisé Léonard de Vinci pour peindre la Joconde ?
Léonard de Vinci devait avoir un sacré filtre pour voir le monde d’une manière générale. Au XIXe siècle, Balzac définissait l’artiste comme quelqu’un qui voit du rouge là où tout le monde voit du bleu. C’est une belle image qui revient finalement à cette notion de « filtre ».
Aura-t-on un deuxième album de « Réseau-Boulot-Dodo » ?
C’est parti pour, la série se poursuit en tout cas dans Fluide glacial, et si le nombre de gags devient suffisant, on pourra publier un deuxième recueil. Mais j’ai déjà pas mal de pistes prévues, il me semble que le sujet est loin d’être épuisé.
Avez-vous d’autres projets sur le feu ?
Une dizaine en tout, chez plusieurs éditeurs, difficile de tout lister. Il devrait être question d’histoire de France au XIXe siècle, de Bataille de l’Atlantique, de Tour Eiffel, d’une manager en projets innovants de reconversion éthique, de mousquetaires, de militaires, de rap et d’une force mystérieuse et créatrice perturbant les écosystèmes. Tous ces projets arriveront-ils à terme ? D’autres vont-ils se rajouter ? Mystère…
Merci Fabrice !
En bref
Série en cours (1 album de gags paru)
Une BD de : Fabrice Erre
Édition : Fluide Glacial
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BennyB
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