Alim le tanneur

Ecrit par Capt'M le 07 mars 2012

“Dans l’empire de Jésameth, être un hors caste c’est n’être pas tout à fait un homme.
Alim est de ceux là, tanneur de profession.
Mais, le destin redistribue parfois les rôles.
Un soir pas comme les autres, l’océan vient confier au plus humble des hommes, le plus grand des secrets.”


Alim…. ou le vacillement d’un dogme et la création d’un mythe…

C’est dans une vie sans statut social, mais dans une réelle plénitude, qu’Alim élève la petite Bul, avec pépé. Tous trois, bien que rejetés par une société hiérarchisée, respectent tous ses fondements.
Par une nuit de liesse, Alim se voit contraint d’aller recycler le corps d’une sirène tueuse échouée sur la plage. Ces incroyables bestioles ont su traverser les âges et celle-ci délivre seulement les fruits de son histoire. C’est ainsi, que dans son ventre, Alim découvre le réel destin de leur prophète, qui, loin d’avoir su rejoindre les dieux au delà des océans, y aurait plutôt sombré. Il devient dès lors détenteur d’un secret qui peut faire vaciller tout l’empire…

A la suite de cette découverte, les foules, loin de se soulever contre les instances religieuses, préfèrent évincer le “menteur” et le condamner lui et les siens à une mort certaine. Mais c’était sans compter sur l’imagination de pépé, qui affublé des saintes reliques parvient à les sauver. S’amorce alors deux destins parallèles et pourtant étroitement liés, celui d’Alim et de l’empire Jésaméthain.

Alim et sa famille s’enfoncent dans l’exil à la recherche de nouvelles contrées, fuyant inlassablement l’armée de Brahmalem lâchée à leurs trousses. Parmi les hors castes, l’histoire d’Alim devient un conte, puis un mythe, pour finir en un murmure que tente désespérément d’étouffer les plus grands de ce monde. C’est donc à grand coup de conquête que les dirigeant assurent et étendent leur autorité sur l’empire de Jésameth.

Un conte idéologique, délicatement mené

L’histoire nous est ici contée par Wilfrid Lupano et est soutenu par le délicat touché de Virginie Augustin.

Il faut je crois souligner la prouesse du premier, de par sa capacité a aborder des thèmes plus que sérieux, tel que la filiation, l’endoctrinement, et j’irais même jusqu’à noter une réflexion sur l’appareil étatique, tout en évitant le jugement et la moralisation. Donnant à son aventure des circonvolutions insoupçonnées, Lupano nous intrigue adroitement et parvient à nous tenir en halène jusqu’à son subtil dénouement.

La tendresse des personnages et l’attachement qu’on  leur voue dès la lecture du premier tome est grandement lié à la poésie du trait de Virginie Augustin. Les couleurs douces et chatoyantes évoluent avec nos personnages et elle parvient à nous envoûter tout le long des quatre albums. Le mélange perpétuel de dessins d’une douceur captivante, nous poussant à la rêverie, font le pendant de scènes d’une intense cruauté, tout en servant habilement la quête de nos exilés.

Bien des choses pourraient encore être dites sur cette BD et quelques recherches nous laisseront lire tout et son contraire. Pour ma part, je crois  bien avoir tout dit!
Pour l’avoir suivi dès sa parution en 2004, c’est toujours avec le plus grand plaisir que j’ai retrouvé Alim, et je dois avouer  une certaine tristesse quand j’y lis le mot FIN.


En bref:

Série terminée, 4 tomes
Scenario : Wilfrid LUPANO
Dessin: Virginie AUGUSTIN

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