« Highland Games » : interview de Fabien Grolleau et Nicolas Cado à Quai des Bulles


Ecrit par BennyB le 19 novembre 2021

Après le travail, Nicolas Cado entraîne des jeunes au lancer de marteau. Un jour, il a une révélation ! Il décide de les emmener en Écosse, aux origines de ce sport, pour participer aux jeux traditionnels sous la bannière de la première « équipe nationale de Bretagne » ! Cela donne un road-movie à l’ambiance « feel-good », drôle et émouvant.

Au scénario, on retrouve Fabien Grolleau, que l’on connaît bien à la Loutre Masquée. Et aux dessins… Hé bien c’est Nicolas Cado.

Tiens, le dessinateur porte le même nom que le personnage principal… Coïncidence ? Nous allons leur demander !

 

Une première question se pose d’emblée à la lecture de cette BD. Le héros s’appelle Nicolas Cado, comme le dessinateur… Ce road-trip vers l’Écosse à bord d’un van est-il une histoire vraie ou une pure invention ?

Fabien Grolleau : On va dire moitié- moitié ! Tout au long de l’année, j’ai interviewé Nicolas, pour découvrir tous ses secrets. Je trouvais hyper intéressant qu’il soit à la fois dessinateur de BD et coach pour des jeunes d’aujourd’hui. Greffer des vrais éléments dans une histoire fictive m’a amusé. C’est un peu comme si j’avais fait un casting sauvage. Tu demandes à des acteurs de te raconter leur vie pour alimenter ton histoire à toi. Le but est de construire un scénario autour de cette matière.

Nicolas Cado : Cela me fait penser à des films comme « Nomadland », avec juste une actrice professionnelle. Tous les autres acteurs sont des gens qui vivent leur vraie vie.

 

De gauche à droite : Glen (un personnage de la BD), Fabien Grolleau (scénariste) et Nicolas Cado (dessinateur). Photo : Delcourt

 

Vous avez eu cette envie de partir en Écosse avec les jeunes ?

N.C. : Tout à fait ! Comme ce sport vient d’Écosse, il y a cette envie d’aller aux sources des « Highland Games ». Cela me fascine, et cela me ferait délirer d’y aller un jour !

 

Dans cet album, on est vraiment dans un humour « feel-good » avec une bande de copains qui partent en road-trip. D’où est venue cette ambiance ?

F.G.: Ce sont les jeunes qui ont donné le thème, finalement. C’est une super équipe. Ce sont des personnes touchantes, qui aiment bien se chambrer, et aussi raconter des conneries. Par exemple, ils s’amusent à crier le fameux « Boumayé ! » sans savoir ce qu’ils racontent.

N.C. : Moi je sais ce que cela raconte ! (rires) C’est le combat mythique de boxe à Kinshasa dans les années 70, qui opposait Mohammed Ali à Foreman. Ali était connu comme le défenseur des droits civiques, alors que Foreman représentait l’État et le pouvoir en place. Tout le pubilc africain criait « Ali Boumayé ! », ce qui veut dire « Ali tue-le ! ». Une chanson de rap reprend cela en refrain, on a dû tomber dessus en voiture. C’est resté comme un cri de ralliement !

 

Pour cette ambiance de comédie, vous vous êtes inspiré de films, de romans, de séries ?

F.G. : Moi je pense surtout à « Full Monty », avec ces strip-teasers drôles et hyper touchants. Ou encore « Little Miss Sunshine » pour le road-trip en camionnette. C’est assez proche dans la trame, mais le résultat final est très différent. Un coté « Scooby-Doo » aussi !

N.C. : Moi c’est « La part des anges » que j’ai en tête, de Ken Loach.

F.G. : Il y a aussi un côté sitcom populaire que j’aime bien… C’est un peu notre « Prince de Bel Air » ! (rires)

 

Il y a aussi des éléments fantastiques dans l’histoire, avec des fantômes…

N.C. : Oui, ça vient de moi !

F.G. : Nicolas et moi étions d’abord amis sur Facebook, sans se connaître vraiment. Quand j’ai vu ses dessins, je me suis dit : « Il est bon, ce petit ! ». Parfois, il se dessinait sur un fauteuil en train de voler dans le ciel, ou avec des nounours bleus qui se promenaient… Je trouvais son univers hyper intéressant et je voulais retrouver cela dans la BD. En général, je m’adapte au dessinateur avec qui je travaille. Nico a cet univers, à moi de le servir sur un plateau !

 

C’est donc ta première BD, Nicolas ?

N.C. : Oui ! Avant cela, j’ai participé à des fanzines, des dessins de presse. J’ai un autre métier à côté, qui est prof d’arts plastiques. Je suis bien content de ne jamais avoir lâché l’affaire !

F.B. : Il est quand même cofondateur du fanzine « Violon dingue » avec Kris et Obion !

 

On rencontre aussi Scotsman, l’esprit sacré d’Écosse ! Il ressemble étrangement à l’acteur de James Bond…

N.C. : Oui c’est génial cette idée !

F.G. : Delcourt nous a prévenus : « Ne citez pas son nom, on n’a pas le droit ! ». De là est venue l’idée d’en faire une blague récurrente, qui revient tout le long de l’album ! Cela m’a bien fait rire.

 

Les jeunes ont-ils apprécié la BD ?

N.C. : Pendant qu’on créait la BD, ils n’avaient pas conscience de ce qui se passait. Quand ils ont vu l’album terminé, ils ont adoré, ils sont super fiers ! Justement, Glenn est venu avec nous à Quai des Bulles !

 

Il faut dire que leurs personnages sont hyper réussis. Ils sont drôles, sympas, touchants. On a envie d’être leur pote !

F.G. : J’ai ce devoir envers eux, quelque part. Il y a un côté pudique, et je voulais les servir.

N.C. : Ce qui est hallucinant, c’est qu’ils sont vraiment drôles comme ça dans la vie !

 

Les personnages se confient aussi les uns aux autres, et il y a Ewen qui reste à l’hôpital.

F.G.: Oui, il a donné son accord pour parler de sa maladie, le syndrome de Carney. C’est un moyen pour lui de la faire connaître au grand public.

N.C. : Il fait des études de sciences à Rennes pour approfondir ce sujet. Il va sûrement devenir chercheur !

F.G. : Il fallait trouver le bon dosage entre l’humour et l’intime. Au final c’est devenu naturellement un « feel-good », car tu as envie de leur faire plaisir !

 

Vous travaillez avec un système de « story-board » ?

F.G. : Je dessine d’abord la BD en entier avec des personnages sous forme de patates. Je peux aussi mettre des photos, de la documentation… Je transmets ensuite cela à Nico, qui interprète et apporte sa touche. Par exemple, au début, il y a un passage de rêve où Nico vole dans le ciel avec des moutons. Mon découpage ne lui convenait pas. Je lui ai dit de remanier cela à sa sauce. Au final, on a fait quatre pages au lieu d’une, et cela fonctionne hyper bien !

N.C. : C’est la scène à la fois la plus essentielle et la plus inutile de l’album ! (rires) Je l’aime beaucoup ! Elle permet de prendre le temps, de poser l’univers.

 

Nicolas, tu t’es également occupé de la mise en couleurs ?

N.C. : Alors pour les couleurs, c’est très facile. Je suis né à Pont-Aven. Et donc Gauguin habite en moi ! (rires) Plus sérieusement, au début je ne voulais pas m’occuper des couleurs. Puis je m’y suis mis, on en a beaucoup parlé et au final cela s’est très bien passé. Je fais tout à la tablette, avec un « crayon gris » numérique. Je fais mes brouillons, je ré-encre puis je fais les couleurs avec des calques.

 

Les premiers retours sont bons ?

N.C. : Oui, les personnes qui ont lu la BD nous ont dit qu’une fois la lecture commencée, on n’arrive pas à en décrocher. C’est plutôt bon signe ! Ce qui est génial, et j’en parlais aux jeunes, c’est que quand je ne serai plus là, cette histoire va rester. Au moins, j’ai eu la chance de leur offrir ça !

F.G. : Il faut dire qu’il est hyper paternaliste avec ses jeunes, comme dans la BD ! (rires)

 

D’autres tomes sont prévus ? Vous pourriez raconter votre voyage à Quai des Bulles ?

F.G. : Honnêtement, j’aime beaucoup le procédé qu’on a mis en place. On invente une histoire à partir de la vie de vrais gens. D’ailleurs Nicolas a encore une autre activité : il accompagne des jeunes en bus aux Etats-Unis, dans la vallée de la mort… Il y a des trucs à raconter ! Plus concrètement, on a un autre projet en préparation, mais on ne peut pas trop en parler pour l’instant.

N.C. : On a adoré bosser ensemble, donc on a envie de continuer. Et sincèrement, je trouve que l’association « Grolleau – Cado » sonne super bien, on ne peut pas s’arrêter là ! (rires)

 

Vous l’avez compris, la Loutre Masquée a adoré cette BD !

A lire d’urgence, pour passer un bon moment !

 



En bref

1 one-shot
Une BD de : Fabien Grolleau et Nicolas Cado
Édition : Delcourt


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BennyB

Co-fondateur de la Loutre Masquée, il est né en 1743, un samedi. Son but dans la vie : rendre le monde meilleur, avec des sites internet à base de loutres. Et il trouve que Spirou a vachement plus la classe que Tintin, quand même.

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