« Le collège noir » : interview d’Ulysse Malassagne à Quai des Bulles


Ecrit par BennyB le 17 novembre 2023

Connaissez-vous « Le collège noir » ? C’est une super BD à destination d’un public jeunesse. Ulysse Malassagne y raconte son enfance dans un collège du Cantal, à laquelle il a rajouté une bonne dose de fantastique, de créatures démoniaques et d’aventures.

L’adaptation en série animée a débarqué depuis le 31 octobre sur la plateforme française ADN. A découvrir d’urgence !

 

 

Bonjour Ulysse ! Tout d’abord, un grand bravo pour « Le collège noir » ! Si je comprends bien, tout est vrai ?

Oui, je garde encore quelques séquelles de ces aventures (rires) !

J’étais dans un collège de campagne perdu dans la montagne, puis dans un lycée qui était aménagé dans une ancienne chapelle. On y trouvait ces aspects un peu étranges avec les voûtes et les fresques. Déjà à l’époque du collège, j’adorais dessiner mes copains sous forme de BD, les transformer en personnages d’heroïc fantasy et leur faire vivre des aventures extraordinaires.

La campagne du Cantal se prête bien à être un décor de film : c’est très sauvage, très rural, il y a des ruines de châteaux… Quand on est ado, qu’on vient de voir « Le seigneur des anneaux » au cinéma et qu’on se ballade dans ce genre de décor, l’imagination s’emballe vite ! J’avais cette envie de me projeter dans ce genre d’aventures. Cette envie s’est combinée avec une commande des éditions Bayard pour le magazine « GEO Ado », où l’histoire a été publiée sous forme de feuilleton de 5 pages par mois. Ils voulaient faire une série horrifique pour jeunes.

 

Vous parlez du « Seigneur des Anneaux ». Quelles ont été vos autres influences ?

Lovecraft, Maupassant… Tous ces auteurs qui racontaient des histoires d’horreur à la première personne, comme s’ils les avaient vécues. L’histoire est même parfois liée à des villes ou des lieux réels, ce qui donne du réalisme et interpelle le lecteur. J’ai repris ce modèle dans l’introduction de la BD par un monologue du héros, du genre : « Je vais vous raconter mes souvenirs... ». C’est hyper immersif !

 

Les personnages sont inspirés de vos vrais copains d’enfance ?

Oui, j’ai juste changé les noms. Je me suis vraiment inspiré des personnages qui existent. Puis ils ont tous pris leur propre identité à mesure que j’écrivais la série. Par contre, la surveillante Léna n’a jamais existé. Elle est inspirée de divers pions et pionnes que j’ai pu croiser. J’aurais bien aimé la rencontrer !

 

Les légendes évoquées dans ces aventures sont-elles liées à de vraies légendes du Cantal ?

Tout à fait ! Je voulais m’inspirer du folklore traditionnel de cette région et de la France, comme le font les japonais avec les Yokaïs ou les dieux qu’ils utilisent dans leurs séries. Ils recyclent tout une tradition ancestrale et les transforment en œuvres modernes. C’est le cas par exemple pour les Pokémons ! En France, ces contes et légendes sont déjà souvent racontés, mais nous voulions vraiment les moderniser et les rendre fun et accessibles à des jeunes.

 

Dans les séances de dédicaces, ce sont plutôt des enfants ou des adultes qui viennent vous voir ?

Un peu les deux ! Mes BD ne sont pas cataloguées pour adultes ou pour enfants. J’aime l’idée que les enfants de 10-11 ans se fassent un peu peur en lisant mes albums, comme j’ai pu le faire étant plus jeune quand j’ai découvert les films de Don Bluth : « Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles », « Brisby et le secret de Nihm »… Cela aide à se confronter à des émotions et à grandir.

 

Cette série évoque aussi la mort de façon optimiste.

En effet, la mort fait partie de la vie. On va tous vivre un deuil un jour. J’ai tendance à trouver que les œuvres pour enfants sont de plus en plus aseptisées. A l’inverse, on accentue le côté violent et gore des BD pour adultes. C’est important d’avoir cet entre-deux où on confronte les enfants à des choses sombres et dramatiques. Mon idée est de contraster les événements terrifiants que les héros traversent avec leur attitude qui est toujours fun, positive.

J’ai aussi voulu aussi montrer les étapes de la vie sous forme de métaphores. La mort de Jonas au début de l’histoire représente la fin de l’enfance, le passage à l’âge adulte. Le démon qui terrorise Step sur son lit évoque la dépression que l’on peut vivre quand on est adolescent.

 

Parlons de la série animée ! Vous avez participé vous-même à l’adaptation  ?

Oui, c’est moi qui ai lancé l’idée de l’adaptation animée. J’ai toujours fait à la fois de la BD et de l’animation. Avec deux associés, j’ai monté il y a dix ans un studio de dessin animé qui s’appelle « La cachette ». Au fur et à mesure qu’on a accumulé de l’expérience et des compétences, nous nous sommes dit qu’il était temps de développer notre propre catalogue de projets originaux. Je venais de publier « Le collège noir » et je me suis dit que cela se prêtait bien à une adaptation en dessin animé. Nous avons suivi tout le projet de A à Z : chercher les financements, la réalisation, la gestion d’équipe…

 

Il y a pas mal de changements dans l’histoire entre la BD et le dessin animé. Comment avez-vous décidé cela ?

Le dessin animé était l’occasion de décider ce qu’on allait approfondir et ce qu’on allait mettre de côté. L’idée était de faire quelque chose de complémentaire pour les gens qui auraient déjà lu la BD. Nous y avons mis moins de monstres mais avons développé davantage les personnages, leur psychologie et leurs arcs narratifs

L’adaptation d’une œuvre existante est un exercice compliqué. J’ai travaillé sur le scénario avec Magalie Pouzol, spécialisée dans l’animation. Nous sommes une grosse équipe de plus de 30 personnes, chacun apporte ses éléments : story-boards, mise en scène, animation…

 

Combien de saisons sont prévues ?

On a prévu 2 saisons pour adapter les trois tomes. C’est diffusé sur ADN, une petite plateforme française qui fait principalement de l’animation japonaise. Nous faisons partie des premiers projets originaux qu’ils financent.

 

Merci beaucoup et bravo !

Pour regarder la série sur ADN, c’est par ici :

https://animationdigitalnetwork.fr/video/le-college-noir

 



En bref

Série en trois tomes regroupés dans une intégrale
Une BD de : Ulysse Malassagne
Édition : Bayard / Bande d'ados


Acheter l'intégrale du « Collège noir » sur le site de la librairie Critic !


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BennyB

Co-fondateur de la Loutre Masquée, il est né en 1743, un samedi. Son but dans la vie : rendre le monde meilleur, avec des sites internet à base de loutres. Et il trouve que Spirou a vachement plus la classe que Tintin, quand même.

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2 commentaires sur "« Le collège noir » : interview d’Ulysse Malassagne à Quai des Bulles"

  • 18 Nov 2023

    Super Interview !! À la hauteur de la BD, et surtout de l’animé qui est encore meilleur !! C’est propre et léché, haletant a souhait, les personnages et leur personnalités sont vraiment marrants (j’adore Ous et ses réflexes de jeune banlieusard à la campagne!)…
    Merci pour le conseil master BennyB !