Ecrit par McR le 10 novembre 2019
Lors du festival Quai des Bulles, nous avons eu le plaisir de rencontrer Arno Monin pour son nouvel ouvrage « Monsieur Jules ». Dans cette histoire, Monsieur Jules est proxénète. Il s’occupe de deux femmes, et quand il en découvre une troisième chez lui, il va devoir s’en occuper.
Mais voilà, ce Jules là, il a un cœur. Il va donc essayer d’aider, d’aider et d’aider encore, ces dames qui deviendront plus que sa vie.
Nous avions beaucoup aimé « L’adoption », une superbe série avec Zidrou au scénario. Mais Arno Monin nous prévient : « Monsieur Jules » est très différent. Il ne voulait pas rester enfermé dans cette image « feel good » !
Nous voilà prévenus ! Les personnages ne sont pas les mêmes, l’histoire n’a rien à voir avec les précédentes.
En effet, le fameux Monsieur Jules (alias Julot) est un proxénète. Cela tranche avec les autres albums, le ton est donné. Les couleurs sont un peu sales : « Il s’agit d’un univers décrépi, j’ai charbonné mes traits » nous dit Arno. Il s’agit d’un sujet délicat à aborder que celui de la prostitution.
Mais d’où vient ce projet ?
« J’ai rencontré Julien Ducoudray, le scénariste, à Blois aux alentours du babyfoot ». Le scénariste voulait travailler depuis longtemps avec Arno : c’est chose faite.
On parle donc de prostitution dans cette BD mais le résumé d’Arno ne correspond pas à ceux que l’on peut voir sur internet. « La trame thriller n’est pas aux couleurs de ce qui est raconté, c’est un peu à bout de souffle, le monde se casse la gueule…C’est l’histoire d’un deuil qui ne se fait pas ».
En effet, nous allons suivre un personnage clé : « Monsieur Jules ». Et ce monsieur est bien loin des personnages gentils auxquels nous avait habitués Arno. Il tranche avec le personnage de Gabriel, ce grand père exemplaire de « L’adoption ». Monsieur Jules est dur, et cela se voit dès la couverture.
Il est vrai que les personnages sont toujours particuliers chez Arno. « Le casting est spécial pour moi, je dois sentir que mon personnage est là. C’est un soin particulier, c’est très intuitif. Jules est la colonne vertébrale de l’histoire et il ne peut pas être moyen, il a du charisme ».
« Quant aux couleurs, j’ai beaucoup tâtonné. J’aimais bien les couleurs de fiction, c’est un univers comme peut être le film « Delicatessen ». Ce ne sont pas des couleurs comme dans la vie, cette une histoire de fiction ».
Et son inspiration BD ?
« Je suis plus calé en cinéma que sur la BD. J’avais découvert « Répulsion » de Roman Polanski. Tout est prétexte à parler d’un problème de fond, c’est une trame minimaliste en termes d’intrigue, j’ai des leviers pour débloquer des scènes.
Dans Monsieur Jules, il y a une histoire de symbole d’obsession représentée par la perruque, le coiffeur. De nombreux symboles sont égrenés tout au long de l’album. »
Les lieux ?
« C’est un huis clos, tout se déroule en appartement. J’ai vu les déplacements et j’ai fait un plan de l’appartement, j’ai tout étudié. Il y avait beaucoup de contraintes.
Il y aussi une trame sur le suicide, un type usé, morose. Assez rapidement, on le voit un soir, frappé par une insomnie. Il passe par la fenêtre, il prend un siège et monte, on le voit soucieux. J’ai beaucoup travaillé cette scène.
J’avance part tâtonnement, je suis autodidacte. Il m’a donc fallu un an et demi pour ce livre. De plus, j’ai retiré plusieurs étapes, que je pouvais ensuite reprendre s’il y en avait besoin.
A l’avenir, j’aimerais travailler encore une fois avec Zidrou. J’essaie même de produire un scénario. »
Finalement, à l’auteur de conclure :
« Je sais qu’avec Monsieur Jules, je déstabilise. »
Pour ce type d’album, je veux bien encore et toujours être déstabilisé,
Merci Arno pour cet album attirant, intriguant et envoûtant !
En bref
Un one-shot
Une BD de : Arno Monin et Aurélien Ducoudray
Édition : Grand Angle
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McR
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