Ecrit par TOBIO le 22 mars 2022
En pleine démonstration de la nouvelle ligne de métro, trois politiciens se font tuer par un mystérieux individu. Ce dernier, affublé d’un long manteau, d’un chapeau large et d’une écharpe rouge, porte les codes vestimentaires de la bande des Apaches. Ces jeunes malfrats détroussent et tuent les bourgeois avec une sauvagerie qui rappelle celle des indiens d’Amérique.
Alors pas de doute, ce sont eux les coupables.
Pourtant, la présence d’un Louis d’or sur la scène du crime et le témoignage des passants, aiguille l’inspecteur Gosselin sur une autre piste. Pour lui tout n’est pas aussi blanc et noir qu’il n’y paraît.
D’autres crimes de bourgeois sont commis. Avec son équipier Eugène, il va enquêter chez les indigents et les notables. Comme il le soupçonnait, la piste de la vengeance personnelle se confirme. Il se pourrait qu’elle ait un lien avec les événements sanglants de la Commune de Paris qui se sont déroulés 30 ans auparavant.
Cette intrigue policière est très bien menée. Le scénario de Philippe Pelaez (« Puisqu’il faut des hommes », « Pinard de guerre ») nous tient sous tension pour tenter de découvrir qui est le vrai coupable. Un classique des bons polars me direz-vous.
Mais ce qui donne une dimension toute particulière à l’histoire c’est son ancrage dans l’histoire et le lieu.
Nous sommes dans le Paris des années 1900. Il y a trente ans vingt mille crève-la-faim se faisaient écraser sur les barricades ou les pelotons d’exécution par l’armée gouvernementale. La Semaine Sanglante de 1871 a laissé des traces dans les corps et les esprits. Certains se sont enrichis, d’autres n’ont fait que creuser leur misérable vie.
Cette époque est très bien restituée par les dessins de Tiburce Oger (« Go west young man », « Ghost Kid »). Le trait est fin et délicat. Toutes les planches sont en nuances de gris ponctuées de taches rouges rappelant la couleur des communards. C’est sans difficulté que l’on plonge de l’ambiance feutrée des salons de la bourgeoisie jusqu’à la fange boueuse des quartiers populaires.
Notre immersion dans l’histoire est renforcée par l’utilisation du formidable vocabulaire argotique de l’époque : « Dis donc Lucien, avant tu mangeais des briques à la sauce caillou. ».
En bref, une très belle première partie pour cette enquête historico-policière. On attend la suite avec une grande impatience.
En bref
Série tome 1/2
Une BD de : Philippe Pelaez et Tiburce Ogier
Édition : Soleil
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TOBIO
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