Ecrit par TOBIO le 14 novembre 2022
En 1953, Minh est un jeune artiste peintre de 21 ans résident à Hanoï. Il aime le jazz, le Louvre, les impressionnistes et rêve de voir Paris. Il vit un amour secret avec Lan. Tous les deux sont issus de la bourgeoisie vietnamienne. Leur mode de vie oscille entre la rigueur traditionaliste et l’insouciance occidentale. Ils ne se préoccupent guère de la déchirure qui divise le pays entre nationalistes et indépendantistes.
Mais lorsque Minh reçoit son ordre d’incorporation pour servir l’armée nationale, c’est tout son univers qui s’écroule. Grâce à ses relations, son père lui obtient un sursis en l’envoyant en province pour gérer une propriété familiale. La boule au ventre, Minh quitte Hanoï en espérant bientôt retrouver sa vie de bohème. Sur la route, il est arrêté par les membres de l’armée populaire de libération dirigée par Hô Chi Minh. Il est emmené de force dans un camp d’entrainement pour devenir un soldat de la révolution.
Pour Minh, l’effort physique est insoutenable. Son corps souffre mais son esprit reste intact. L’artiste qui est en lui résiste au conditionnement moral infligé quotidiennement. Cela lui vaut des brimades de ses supérieurs. Son éducation, pourtant, va lui permettre d’intégrer l’UPA, l’Unité de Propagande Armée. C’est une section qui intervient au sein de la population pour diffuser le message politique. Elle est composée de 40 hommes et femmes artistes et de 12 combattants. Contraint, Minh exerce ses talents dans la propagande révolutionnaire.
Envoyé au front pour dessiner les plans des positions ennemies, il découvre l’horreur des combats dans les tranchées. Tant bien que mal, il trace le croquis des blockhaus, des mitrailleuses et des barbelés. En face de lui, il y a des milliers de combattants français et vietnamiens. En face de lui c’est Diên Biên Phu.
Cette partie de l’histoire de l’Indochine nous est formidablement racontée par Marcelino Truong. Le parcours de Minh dans la campagne vietnamienne alterne entre paysages idylliques et vacarme de la guerre. On y découvre un peuple travailleur et courageux aveuglé par la propagande révolutionnaire. Le combat politique est plus important que le combat militaire. Pour résister à cet endoctrinement Minh comprend la puissance de l’art pour éveiller les consciences. Son fusil est un crayon et ses balles du papier. Et c’est tout aussi efficace.
Venez rencontrer Marcelino Truong au festival « Pré en bulles » à Bédée (35) le 24 septembre 2023 !
Vous pouvez aussi retrouvez sur cette page nos articles sur les auteurs·trices présent·es au festival !
En bref
One Shot
Une BD de : Marcelino Truong
Édition : Denoël Graphic
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