Ecrit par McR le 19 octobre 2021
Au cimetière de Montmartre, une femme se recueille devant la tombe d’un peintre. Nous sommes en pleine première guerre mondiale, le 29 septembre 1917.
Cette femme est la peintre Mary Cassatt, célèbre amie du peintre Edgar Degas, à qui elle souhaite rendre un dernier hommage. Mary nous plonge alors dans la vie d’Edgar à travers son journal. Une question reste en suspens : qui est réellement Edgar Degas ?
Un génie, cela est certain, mais aussi un visionnaire. Il aime la peinture d’Ingres et de Delacroix mais il rêve de trouver son propre style. Il s’inscrit donc dans de nouveaux courants de pensée. Il va dès lors participer à la fondation du mouvement impressionniste : pourquoi peindre en atelier si on peut le faire dans la nature ?
Il va s’inspirer de tant de mouvements, tant de corps, tant de femmes. Mais, en cherchant son style, il y perd son existence. Le constat est amer, Edgar Degas est terriblement seul. Là où les autres peintres mélangent art et amour, personne ne sait s’il a aimé un jour.
Les idées les plus folles se propagent : il serait homosexuel, impuissant, incapable d’aimer… Quant à ses écrits, rien ne permet d’éclaircir cet élément sur sa vie. Il se dit vouloir fonder un foyer mais la seule relation inscrite dans son carnet est celle qu’il entretient avec la peintre Mary Cassatt : plus qu’une amie, moins qu’un amour.
Efa au dessin et Salva Rubio au scénario réussissent à faire circuler Edgar Degas dans son propre univers visuel. Dès la couverture, les auteurs imaginent Degas en plein milieu d’un de ses tableaux. Toutes les situations et toutes les couleurs de l’album rappellent les œuvres de Degas.
J’ai eu l’impression à cette lecture que la solitude de Degas, qui était montrée du doigt dans l’histoire, s’efface rapidement. L’œuvre de Degas semble tellement complète que la solitude ne pèse pas, laissant la place à une certaine légèreté.
Le plus souvent, la solitude est un fardeau. Dans cet album, les couleurs, les mouvements et les corps réussissent à créer un mouvement perpétuel et heureux : Edgar Degas semble seulement beau.
Quant à sa sculpture, « La petite danseuse de quatorze ans », elle naît comme un miracle qui va chambouler toutes les idées sur la sculpture. Son tutu et son corsage en lin mettent tout le monde d’accord, Rodin n’existe plus.
La vie de Degas vue par Salva Rubio et Efa ressemble à une danse à travers les arts. Voilà l’effet de l’adaptation de la vie d’Edgar Degas . Je ne savais pas grand- chose en réalité de ce peintre, et je suis reparti avec une tranche de sa vie qui interpelle et qui intrigue.
Le Lombard a permis à Salva Rubio de revenir sur l’œuvre de Degas par une analyse en fin d’album : un délice.
Et un quiz pour les plus curieux-ses : identifiez de vrais tableaux de Degas insérés dans la BD !
https://www.lelombard.com/actualite/actualites/degas-des-vrais-tableaux-inseres-dans-la-bd-a-retrouver
En bref
1 one-shot
Une BD de : Efa et Salva Rubio
Édition : Le Lombard
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McR
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