Ecrit par Morgan Delépine le 29 octobre 2013
Scénario : Alejandro Jodorowsky | Dessin : Das Pastoras
L’histoire du Cycle. Bien avant l’Incal
Dayal de Castaka est un prince bâtard né du viol de la reine du clan Castaka par le roi du clan rival, les Amakura. Rejeté par son peuple il échappe ainsi que sa femme et ses deux filles à un cataclysme qui réduit sa planète à néant. Dès lors, le couple de guerriers hors pair, va consacrer sa vie au vol, à la piraterie et à transformer ses filles en assassins redoutables avant de chercher à leur faire perpétrer la dynastie. Mais ça, ce sera pour le cycle suivant…
Contexte : Dans les pas de la Caste des Méta-Barons
Castaka est officiellement un diptyque autonome. En réalité, ce cycle est à la fois une suite de La Caste des Méta-Barons et une introduction à un nouveau chapitre A la manière de nombreux scénarios de comics U.S, l’histoire est en fait assez légère et repose en grande partie sur un contexte pré-établi et dépeint par Jodorowsky depuis maintenant plus de 30 ans dans les séries de L’Incal, Mégalex, Technopères… Elle est d’ailleurs racontée par Bérard, l’un des ancêtres de la Caste des Méta-Barons et les 5 premières pages du premier volume sont une reprise quasi à l’identique d’un passage du premier tome de la Caste. La lecture de cette série est donc plutôt déconseillée aux personnes n’ayant pas, au préalable, lu La Caste des Méta-Barons. Elle semble difficilement pouvoir en être une porte d’entrée.
Du Jodorowsky, pour les initiés.
Violence, viol, amour impossible, inceste, mutilation, vulgarité, vengeance, rancœur ancestrale… tous les thèmes chers à Jodo sont une nouvelle fois rassemblés dans une histoire sans réelle surprise. La force du scénario est probablement la même que celle de La Caste des Méta-Barons. Jodo ne nous livre pas un nouveau cycle de SF mais plutôt une théogonie space-opéra. Ses personnages sont des dieux sans autres adversaires dans l’univers qu’eux même et leur famille. D’ailleurs, associé à l’excellent Das Pastoras, il ne livre pas non plus une BD, mais plutôt un livre d’illustrations dans lequel la narration, sorte d’anti-manga, traverse le temps sans s’arrêter sur les détails. Ce qui compte ici ce n’est pas de faire vivre une histoire, c’est de raconter la naissance d’une famille mythique en moins de 120 pages. Les mois passent en deux cases, des batailles épiques durent deux pages. L’histoire est subit par le lecteur selon un mode qui ne lui laisse que peu de suspense ou de crainte pour les héros.
Alors, on achète ou pas ?
Castaka est une BD hors du temps qui puise son inspiration dans la SF des années 70 et 80. Si elle n’est pas novatrice, elle porte avec elle ce morceau d’esprit d’aventure qui peut nous manquer, parfois, lorsque l’on lit les trop réalistes, noires et politiques récits de SF moderne. Ici, plane le bon vieux spectre du Space-Opéra et des histoires de conquêtes spatiales. Star Wars ou Dune ne sont jamais très loin. L’inconnu, les vaisseaux gigantesques, les planètes perdues aux confins de la galaxie… bref, ce qui pourrait passer aux yeux de certains pour une relique des heures glorieuses de la SF, pourrait aussi très bien être une bouffée d’air frais dans un style aujourd’hui trop mature et ayant depuis longtemps déjà oublié de rêver. Il y a cependant de grandes chances qu’elle reste confinée sur les étagères des fans de L’incal, de La Caste des Méta-Barons et des autres séries qui se partagent l’univers de Jodorowsky.
Morgan Delépine
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