Ecrit par McR le 31 janvier 2023
Égypte, 1922. Howard Carter est sur le point de faire une découverte qui va bouleverser le monde de l’archéologie, jusqu’ici tout va bien.
Berlin, 2001. Teresa, étudiante en archéologie, prépare une exposition sur la découverte du tombeau de Toutankhamon. Mais voilà tout se corse. Elle dort de plus en plus mal, et son aventure romanesque avec Ruben ne va rien arranger à l’affaire…
Comment raconter deux histoires qui évoluent en parallèle dans des époques différentes ? « Hypericon » nous invite à un voyage qu’on n’est pas prêt d’oublier…
Rencontre avec son auteur Manuele Fior !
Bonjour Manuele,
Dans « Hypericon », ton nouvel ouvrage, tu choisis de traiter de la découverte du sarcophage de Toutankhamon par Howard Carter et son équipe. As-tu un attrait particulier pour cette période historique ?
J’ai lu le journal de Carter pendant mon séjour en Égypte, il y a vingt ans quand je travaillais, un peu comme lui, en tant qu’assistant d’une équipe d’archéologues allemands. J’ai repris en main le livre pendant le premier confinement à Paris. Je me suis dit qu’ on pouvait en faire quelque chose d’intéressant.
De fil en aiguille, tu décides d’alterner l’expérience de Teresa et celle de Carter. Pour quelles raisons ?
La seule adaptation du journal en BD ne me paraissait pas un projet satisfaisant. Je souhaitais la relever avec quelque chose de plus contemporain, lui donner un nouveau reflet et peut être une nouvelle signification. J’étais inspiré par le roman « Le maître et Margherita » de Boulgakov, qui alterne de la même façon deux plans temporels différents, avec un point en commun.
Dès les premières pages, tu utilises des couleurs très vives pour mettre en valeur de véritables tableaux du Caire. J’avais un peu l’impression de me promener dans le film « Lawrence d’Arabie » de David Lean. Pourquoi ce choix de couleurs si chaudes ?
La palette du désert est comme ça : des jaunes ocres désaturés et des bleus clairs qui partagent le monde en deux couleurs.
Avec le personnage de Ruben, Teresa redécouvre la vie et peut être l’amour. Quel est le rôle de ce Ruben dans la vie rangée de Teresa ?
Le rôle de Ruben est de combler les manques de Teresa, de lui faire comprendre que le seul épanouissement professionnel n’est pas suffisant pour elle. C’est le rôle que chacun de nous empreinte quand on tombe amoureux. On offre une nouvelle destination possible, que l’autre n’avait jamais envisagée. C’est une clef pour mieux comprendre ses propres fantômes.
Entre Teresa et Ruben, c’est l’amour fou. Tu imagines une sexualité simple et belle avec des traits érotiques. Est-ce facile à mettre en œuvre ?
Ce n’était pas facile, mais le boulot de la bande dessinée n’est jamais facile. Chaque thème doit être étudié comme si on le regardait pour la première fois, avec le dessin qui lui convient, le bon angle de vue, comme si jamais personne ne l’avait représenté.
Les insomnies de Teresa sont parfois effrayantes. D’où vient cette idée ?
L’insomnie est une maladie effrayante, je n’en ai pas souffert moi même. Habituellement, je ne représente que les choses que je connais bien. Soigner l’insomnie est un parcours à la fois long et compliqué, qui peut nous amener à mieux nous comprendre nous-même.
L’Hypericon est un millepertuis, petite fleur jaune qui jalonne ton album et que tu mets en avant sur ta couverture. Pourquoi ce choix ?
L’idée est venue en regardant le film d’Eric Rohmer, « La Collectionneuse ». Il y a un bref passage où on espionne, dans une chambre de lit éclairée par une magnifique lumière du matin, les quatre jambes entremêlées de deux amants. Un lit défait, le parquet abîmé… Rien ne me semblait plus beau. En BD, on n’a pas trop tendance à mettre juste des pieds en couverture.
Teresa d’un côté, Carter de l’autre. Au centre, cette passion qui les anime. Est-il possible de ressentir des sensations passées et vécues par une autre personne ? Comment mêler ou superposer ces histoires ?
Le métier de l’auteur est de rentrer dans la peau des personnages. On peut alors ressentir les émotions de quelqu’un qui a vécu dans une autre époque, d’un enfant, d’un vieux. Je ne peux pas dire si c’est simple ou pas, mais la question n’est pas là : il faut juste le faire parce que l’art le demande.
En bref
Un one-shot
Une BD de : Manuele Fior
Édition : Dargaud
Acheter cette BD sur le site de la librairie Critic !
McR
Derniers articles parMcR (voir tous)
- San Francisco 1906 – Tome 1 : Les 3 Judith - 24 avril 2024
- Jean-Mowgli Tome 2 : Jamais sans mon slip ! - 23 avril 2024
- Bâtard - 18 avril 2024
