Quelqu’un à qui parler

Ecrit par McR le 11 octobre 2021

Samuel Verdi est un peu perdu. Seul à 30 balais, sa vie se résume à un encéphalogramme plat, tout plat. Dans son appartement, rien ne se passe. Il ne s’épanouit pas non plus au travail, où il se fait insulter en permanence par son chef.

Il n’y aura donc rien d’étonnant à ce que Samuel fête son anniversaire tout seul chez lui. Son seul lien à peu près normal avec l’extérieur est le repas qu’il s’accorde deux fois par semaine avec les voisins du dessous, un couple de retraités.

Or un soir, Samuel décide de composer le numéro de téléphone que ses parents avaient lorsqu’il était enfant. Et là surprise, il tombe sur lui-même.

Comment est-ce possible ? Samuel Verdi, 30 ans, peut téléphoner à Samuel Verdi, 10 ans

A compter de maintenant, les deux Samuel vont se parler régulièrement au téléphone. C’est le de point départ de longues conversations. Ils vont s’interroger, se conseiller… Mais une question revient sans cesse : le Samuel de 30 ans a-t-il réellement réussi sa vie ? A-t-il réalisé ses rêves d’enfant ? Peut-il tout changer en claquant des doigts ?

On avait adoré les précédents albums de Grégory Panaccione, notamment « Chronosquad » et « Un océan d’amour ». Cette fois, il réussit son pari en adaptant le roman de Cyril Massarotto. Il faut dire que ce n’était pas du tout cuit !

Comment mettre en scène une rencontre entre deux « soi-même » ? Pour ne pas raconter qu’une longue discussion téléphonique, il a décidé que les deux Samuel pourraient faire un bout de chemin ensemble. Ils feront des balades à  la campagne et iront voir la mer. Tout paraît tellement fluide. Comme si les deux personnes ne s’étaient jamais réellement quittées : l’enfant et l’adulte évoluent ensemble à travers les bulles, les histoires, la vie.

De prime abord, le résumé de l’album ne m’avait pas emballé, car j’avais un doute : se parler à soi même en l’espace de 20 ans, cela me semblait un peu « déjà-vu ». Jusqu’à ce que je lise une interview de Grégory Panaccione. J’ai voulu en savoir plus, et quelle claque !

Il a réussi à faire vivre le roman. Les deux Samuel ne font qu’un, le téléphone n’existe quasiment plus entre eux deux. L’auteur a réussi à réunir deux personnages d’époque différente en une seule aventure et cela fonctionne. Les images des deux protagonistes ne sont jamais divisées mais s’assemblent comme dans un puzzle. Le choix des couleurs tantôt tristes, tantôt vives, rajoute de la lisibilité à l’histoire. Un espoir est en train de naître, la vie de Samuel peut changer. Une sacrée madeleine de Proust !

« Quelqu’un à qui parler » est plus qu’une adaptation, c’est une histoire contée sous un nouvel angle, avec un nouveau regard. Mais une question reste en suspens. Et vous, si vous pouviez téléphoner à l’enfant que vous étiez à dix ans, quelles seraient vos conversations ?



En bref

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Une BD de : Grégory Panaccione
Édition : Le Lombard


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McR

McR a est un homme barbu mais pas méchant. Il a connu la préhistoire, et grâce à un accélérateur de particules, il a pu rejoindre la communauté.

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